Argerich

Affiche Argerich
Réalisé par Stéphanie Argerich
Pays de production Suisse
Année 2012
Durée
Genre documentaire
Distributeur xnix
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 675

Critique

La pianiste Martha Argerich encore tout ensommeillée, surprise à son réveil dans son lit ou filmée en contre-plongée, livrant à la caméra son visage nu et fatigué de fumeuse (d’où un cancer du poumon) septuagénaire; Martha Argerich la flamboyante en toute simplicité au chevet de sa fille qui accouche de son second fils, Martha Argerich qui mange un sandwich dans un train entre deux concerts, ou encore déambulant en pyjama ou piquant une crise d’angoisse avant d’entrer en scène: l’intrusion dans la vie intime de la célèbre pianiste que nous propose caméra au poing Stéphanie, sa fille cadette, met parfois un peu mal à l’aise. Visiblement, la cinéaste avait besoin d’exorciser sa propre histoire et de raconter comment elle a vécu avec une autre de ses sœurs dans l’ombre de cette «déesse».

La mère, en toute simplicité, a accepté de se prêter à ce portrait intimiste qui écorche son image, à ce questionnement sur sa relation avec ses trois filles, dont l’aînée, Lyda Chen, altiste renommée, ne vécut pas avec elle et ne fit sa connaissance que très tardivement. La pianiste se montre au naturel, désarmée et désarmante, parfois évasive, préférant aux mots la musique pour livrer ses états d’âme. Au piano, elle dit tout, à sa façon, magique! Stéphanie Argerich a retrouvé des vidéos amateurs et des images d’archives de sa mère alors qu’elle n’était encore qu’une jeune prodige; elle interviewe cette femme flamboyante qui a mené comme elle le pouvait carrière artistique, maternité et vie sentimentale. Elle a eu trois filles de trois pères différents, tous musiciens de haut vol. Le père de la réalisatrice, le pianiste Stephen Kovacevich, a accepté de se prêter au jeu que lui proposait sa «bloody daughter», sa sacrée fille comme il l’appelle, avec une pudeur extrême. Cette histoire de filiation complexe, d’héritage impossible, cette plongée dans une famille matriarcale hors du commun, est commentée en voix off par Stéphanie Argerich, qui règle ses comptes à sa façon: comment sa mère a-t-elle pu abandonner sa première fille Lyda, conçue à New York avec Robert Chen, après son premier mari, Charles Dutoit, compositeur et chef d’orchestre, pourquoi son père, Stephen Kovacevich, ne l’a-t-il pas officiellement reconnue, comment elle se sent aujourd’hui investie de la mission de protéger sa mère. Cette plongée dans cette famille matriarcale est peut-être hors du commun, mais elle a des résonances dans notre propre vie, tant ce dont elle parle est courant et vécu par tant de parents et d’enfants, empêtrés dans leur besoin de connaître et de comprendre leur filiation.

Appréciations

Nom Notes
Daniel Grivel 12
11
Geneviève Praplan 12
Anne-Béatrice Schwab 14