Une Estonienne à Paris

Affiche Une Estonienne à Paris
Réalisé par Ilmar Raag
Pays de production Estonie, France, Belgique
Année 2012
Durée
Musique Dez Mona
Genre Drame
Distributeur Xenix
Acteurs Patrick Pineau, Jeanne Moreau, Laine Mägi, Corentin Lobet, François Beukelaers
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 671
Bande annonce (Allociné)

Critique

Le film raconte l’histoire de deux femmes, originaires d’Estonie, mais vivant à Paris. Une tranche de vie où se mêlent problèmes de cohabitation et relations affectives, à des âges et des moments différents de l’existence.

Anne (Laine Mägi), proche de la cinquantaine, vit à Kuresaare, en Estonie. A la mort de sa mère, elle quitte son pays et s’en va à Paris s’occuper de Frida (Jeanne Moreau), une vieille dame de 80 ans, estonienne elle aussi. L’accueil est mitigé: Frida, belle femme au caractère bien trempé, fait tout pour la décourager et la renvoyer. Anne constate très vite que Frida peut compter aussi sur l’aide d’un ami - on découvrira qu’il s’agit d’un ancien amant -, Stéphane (Patrick Pineau), 55 ans, patron d’un café tout proche. Les relations entre les trois protagonistes ne seront pas toujours faciles.

Le cinéaste estonien Ilmar Raag dit s’être inspiré directement de la vie de sa mère qui s’était exilée (avec lui) à Paris, pour s’occuper d’une richissime vieille dame. Une expérience qui, dit-il, l’avait elle-même complètement transformée.

Le cinéaste présente les trois protagonistes de son film comme les différentes facettes d’un même sujet, celui du rapport que chacun entretient avec l’existence et le vieillissement. Pour Frida, venue en France dans l’idée de s’intégrer dans les milieux artistiques, il s’agissait alors d’accéder à une forme de liberté. Dans les relations qu’elle établit aujourd’hui avec Anne et Stéphane apparaît finalement, de façon sous-jacente, son désir de transmettre ce qu’elle est, et ce qu’elle a en elle. Pour Anne, c’est autre chose: il s’agit de retrouver sa place dans l’existence, après son divorce et la mort de sa mère. Pour Stéphane, il faudra se libérer affectivement - et sans heurt - de l’influence de Frida.

L’intérêt du film se situe dans la complexité des relations qui s’établissent, au fil du temps, entre Anne, Frida et Stéphane, dans un jeu subtil de miroirs renvoyant les images de chacune des trois existences vers les deux autres. Et le rapprochement final d’Anne et Stéphane est peut-être pour Frida comme un dernier rappel de sa vie passée, comme une ultime image - symbolique et mélancolique - de ce qu’elle a vécu et à laquelle elle semble vouloir s’associer.

UNE ESTONIENNE A PARIS témoigne, dans son propos, d’une intelligence et d’une sensibilité cinématographiques évidentes. Elégance formelle, construction narrative maîtrisée, jeu des acteurs retenu et interprétation parfaite font de ce film une heureuse surprise. Sans faire la fine bouche, on remarquera pourtant que les grandes lignes de l’intrigue peuvent paraître un tant soit peu prévisibles, même si le réalisateur s’efforce, jusque dans les derniers plans, de laisser l’imagination du spectateur s’activer… Prix œcuménique au dernier Festival de Locarno (voir CF n. 663 p. 34), UNE ESTONIENNE à PARIS s’aventure avec talent dans l’intimité de trois personnages, dans une sorte de visite guidée de leurs mondes intérieurs.

Note: 15



Antoine Rochat





«Laudatio» du Jury œcuménique de Locarno

«A travers l’histoire de deux Estoniennes à Paris, le réalisateur montre des difficultés de vie et de communication entre personnes de la même culture mais à des stades différents de l’existence. Explorant d’une manière émouvante les thèmes de perte, vieillissement, amour, deuil, don et rencontre de l’autre, ce film est tourné avec élégance et superbement joué.»

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Georges Blanc 14
Daniel Grivel 15
Serge Molla 14
Geneviève Praplan 12
Antoine Rochat 15