Critique
Une route de montagne fait des lacets, ce qui permet de voir qui marche au-dessus ou au-dessous de vous, et de rattraper qui vous voulez en coupant au plus court. Et ils se courent après, les sept personnages du pique-nique imaginé par la scénariste Yasmina Reza, écrivaine (avec «vaine» comme vanité...) à succès multiprimée.
Dans une Savoie d'opérette, où l'embarcadère de Talloires baigne ses pilotis dans les eaux du Léman et où les Alpes neigeuses sont anniniviardes, des gens se cherchent et se (re)trouvent: un virtuose désabusé du violoncelle, ses parents négociants en textiles, un oncle épicurien, une violoniste volage et son zoologue de mari, et Lulu. Quelques jolies répliques émaillent un récit asthénique et, malgré un somptueux plateau, l'eau d'Evian ne fait pas pschitt! Laissés à eux-mêmes, les acteurs cabotinent à qui mieux mieux (ah! Noiret, aussi hystérique que les vieilles mères juives chères à Woody Allen, dans sa longue et fausse agonie).
Conclusion: les pâlichons ne font pas de ski, et la cure thermale frise la cure de sommeil.
Daniel Grivel
