Critique
On ne présentera pas Costa-Gavras, cinéaste français dont la carrière - de COMPARTIMENT TUEURS (1965) à EDEN A L’OUEST (2008) - est jalonnée de films liés à l’actualité, à la politique ou à l’Histoire (Z, L’AVEU, ETAT DE SIEGE, MISSING pour ne citer que les plus connus).
Avec LE CAPITAL (claire référence à Karl Marx), Costa-Gavras s’attaque à un sujet difficile et peu cinématographique: le monde de la finance, sur fond de crise économique internationale. Il dit avoir lu le livre de Jean Peyrelevade (Le Capitalisme total), puis celui de Stéphane Osmont (une critique acerbe du monde du capital et de ses dérives). «Ce qui m’a intéressé, dit le cinéaste, c’est de comprendre comment un homme de finances intelligent comme Marc Tourneuil (Gad Elmaleh) a pu à ce point désirer le pouvoir.» A cet homme souvent cynique, Costa-Gavras fait dire, dans la dernière séquence du film et devant tous les actionnaires de la banque: «Nous serons des Robins des Bois, nous prendrons aux pauvres pour donner aux riches. (…) Les financiers sont de grands enfants qui continueront à s’amuser jusqu’à ce que tout pète…»
Nommé temporairement directeur de la Banque Phénix par des actionnaires qui l’imaginent manipulable, Marc Tourneuil se prendra au jeu, se considérant comme légitime et indispensable. Il déjouera tous les complots, notamment ceux de la branche américaine de la banque, supplantant tout le monde et s’imposant comme patron du groupe.
Le film parle un peu de tout: produits toxiques, paradis fiscaux, hedge funds, course au profit, hypocrisie et spéculation, licenciements, le tout ponctué de considérations désabusées sur le monde de la finance. Dans un rôle à contre-emploi, Gad Elmaleh présente une image crédible d’un banquier peu scrupuleux et amoral. Il est entouré par une belle brochette d’acteurs campant avec aisance d’autres protagonistes déplaisants de ce «jeu financier planétaire». LE CAPITAL tient par ailleurs du polar, joue avec le suspense, glisse des scènes de sexe et s’appuie sur une musique énergique et rythmée. On pourra adhérer aux propos pessimistes de ce film très verbeux, qui laisse un goût amer dans la bouche. A sauver peut-être deux personnages féminins, celui de Diane, la femme de Marc Tourneuil (Natacha Régnier), lucide et intelligente, et celui, rassurant, de Maud (Céline Salette), une conseillère financière qui refuse d’être dévorée par le système et qui, dépitée, quittera le bateau. Mais ces dames sont bien seules…
Note: 13
Antoine Rochat
Appréciations
Nom |
Notes |
Antoine Rochat |
13 |
Georges Blanc |
13 |
Daniel Grivel |
14 |
Serge Molla |
14 |