Almanya

Hüseyin (Fahri Ogün Yardim) s’installe en Allemagne - qui a besoin de bras - en 1964 avec sa famille. Quelque quarante-cinq ans plus tard, son petit-fils de 6 ans (Rafael Koussouris) ne sait pas s’il est plutôt turc ou plutôt allemand. Sa cousine (Aylin Tezel) lui raconte la longue histoire de leur grand-père aujourd’hui âgé de 70 ans (Vedat Erincin - Réd.: presque un sosie de Darroussin...) C’est la même histoire que racontent Yasemin et Nesrin Samdereli, deux sœurs dont la première a réalisé le film qu’elle a écrit avec la seconde.

C’est un premier long métrage et d’emblée, il fait plaisir. La bonne humeur et l’humour sont à l’affiche de cette comédie très spontanée. Après quarante-cinq ans en Allemagne, la famille de Hüseyin compte trois générations: celle du grand-père, celle de ses quatre enfants dont le dernier est né en Allemagne, et celle des petits-enfants. Cela donne un joyeux mélange de caractères bien campés. Chacun défend son point de vue selon son âge et son expérience, les disputes de l’enfance gardent les mêmes aspérités à l’âge mûr, tandis qu’une authentique Allemande est entrée dans la famille qui, elle, finit toujours par retrouver son unité.

Il n’est pas question ici de xénophobie, ni même d’incompréhension, mais d’identité. Il s’agit de rester soi-même tout en adoptant un autre mode de vie. L’insolite de l’autre attire, les coutumes se mélangent, on s’assied un peu sur les deux chaises à la fois. Almanya démontre savoureusement la difficulté du passage. Avec assez de fraîcheur pour qu’on lui pardonne son éventuel trop-plein d’optimisme.