No Man's Zone

Affiche No Man's Zone
Réalisé par Toshi Fujiwara
Pays de production Allemagne
Année 1931
Durée
Genre Documentaire
Distributeur trigonfilm
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 661

Critique

Fukushima, deux mois plus tard… Que peut-on en dire? Très peu. Laisser parler un silence qui, couplé aux images, exprime l’absence, la mort, l’absolu du désastre.

Toshi Fujiwara s’est rendu sur les lieux à la fin du mois d’avril 2011. Non pour parler de l’accident nucléaire dont il laisse le sujet aux scientifiques, plutôt pour évoquer les paysages voisins de la centrale, ainsi que les personnes qui y vivaient et celles qui y vivent encore. Mais, voulant échapper au contexte socio-politique japonais et réaliser un film à portée universelle, l’auteur a tourné en anglais.

Le voyage est dur. Il va de gravats en gravats parmi lesquels rien ne bouge sinon des sacs en plastique, des matériaux légers que le vent n’a pas réussi à emporter. De rares maisons, complètement debout, ressemblent à des illusions d’optique. Et puis il y a les gens. Infiniment tristes, riant parfois pour masquer des sanglots, ils expliquent, avec une dignité qui laisse sans voix. Ils parlent à demi-mots, peu de mots. Ils ont la tête emplie de leur existence détruite.

Il y a la désolation laissée par le raz de marée, puis, tout de suite après, tout redevient harmonieux. Des bois, des prairies, des vaches qui broutent, des jardins fleuris s’offrent au regard comme une nature heureuse. C’est un mirage. Voici la zone interdite que ses habitants doivent évacuer. Jusqu’à quand? Nul ne le sait. Chacun espère pour peu de temps, mais on comprend que, secrètement, il ne nourrit aucune illusion.

Une voix off - celle d’Arsinée Khanijian, l’épouse du cinéaste Atom Egoyan - accompagne les plans, glisse ses commentaires entre les entretiens. Et même si la qualité d’écoute du réalisateur et celle de ses images placent le public au cœur de la zone, parmi les victimes, cette voix donne au film une dimension narrative qui le fait échapper au genre documentaire.

De fait, NO MAN’S ZONE est un poème, bouleversant, sur une réalité dont l’ampleur nous échappe toujours. La voix off réfléchit au sens des images: ce qu’elles montrent a peu de rapport avec la réalité. Par exemple, qui peut voir, au milieu des fleurs, le poids de la radioactivité? Qui peut voir sous les gravats les corps abandonnés à cause de la contamination? Et si, après nous être soûlés de ces images devant un écran de télévision ou d’internet, nous avons déjà tout oublié, à quoi peuvent-elles bien servir?

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 18