Enfance clandestine

Affiche Enfance clandestine
Réalisé par Benjamín Avila
Pays de production Argentine, Brésil, Espagne
Année 2011
Durée
Musique Pedro Onetto
Genre Drame
Distributeur praesensfilm
Acteurs César Troncoso, Ernesto Alterio, Natalia Oreiro, Benjamín Avila, Christina Banegas
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 678
Bande annonce (Allociné)

Critique

Directement inspiré par les événements de son enfance, en particulier l’assassinat de sa mère, le réalisateur Benjamin Avila a longuement mûri ce premier film très personnel, marqué par l’émotion et l’authenticité.

Nous sommes en 1979 en Argentine, sous la dictature militaire. Juan, 12 ans, est le fils de militants révolutionnaires prêts à tout sacrifier pour le retour de la démocratie. Ils vivent clandestinement sous de fausses identités et Juan, scolarisé, vit ses premiers émois amoureux. Toujours sur ses gardes, il ne doit jamais oublier de mentir, être toujours prêt à fuir et à protéger sa petite sœur, ne jamais commettre le moindre faux pas qui pourrait être fatal à tous les siens.

Dans cette atmosphère de peur et de méfiance, c’est la fraîcheur des regards d’enfants qui l’emporte, avec des instants d’amour et de bonheur. Traqués sans relâche, Juan et les siens vont être rattrapés par la répression. A travers le regard des enfants impuissants, le spectateur se sent bouleversé par les choix et les violences des adultes.

De manière parfaitement maîtrisée, Benjamin Avila revisite son enfance et celle de tous ceux qui ont vécu cette période historique en Argentine. Trente ans plus tard, il réussit à adopter la distance nécessaire pour donner aux événements vécus à la fois le souffle palpable des émotions et une dimension plus universelle.

Anne-Béatrice Schwab

 


Selon les pays, le sentiment du devoir de mémoire est plus ou moins aigu. NO et INFANCIA CLANDESTINA, notamment, en témoignent. Des Chiliens et des Argentins n'oublient pas les atrocités infligées par des dictatures dans les années 70-80.
«Depuis que j’ai décidé de faire du cinéma mon métier, je voulais raconter cette histoire, mon histoire», rapporte Benjamin Avila. «Je ne voulais pas d’un film autobiographique. J’ai souhaité me servir de ce que j’ai vécu enfant pour raconter une histoire d’amour entre gamins qui se déroule lors d’un moment historique, la dernière dictature militaire en Argentine entre 1976 et 1983, et parler du militantisme de cette e?poque, un univers inconnu, où la peur côtoyait aussi la joie, l’amour et la passion. Revisiter cette histoire de mon point de vue d’enfant et de celui des protagonistes de ce récit m’a permis d’en donner une nouvelle lecture.»
C'est ainsi que le spectateur est invité à suivre l'éprouvant cheminement de Juan (Teo Gutiérrez Moreno, remarquable), gamin de douze ans qui, avec sa petite soeur encore bébé, est ramené en 1979 sous une fausse identité par ses parents à Buenos Aires après un long exil à Cuba. Son père Horacio (César Troncoso) est un haut gradé des Montoneros, guerilleros opposés à la junte militaire; sa mère Cristina (Natalia Oreiro) est une pasionaria du mouvement, et son oncle Beto (Ernesto Alterio) est tout aussi militant.
Juan (ainsi prénommé en l'honneur de Peron) navigue tant bien que mal sous son pseudo d'Ernesto (viva el Che!), entre des copains d'école taquins, une condisciple dont il est épris, une grand-mère protectrice, et la menace diffuse des forces de police.
On peut s'interroger sur des parents qui entraînent leur enfant dans leur lutte, le chargeant d'un poids disproportionné à son âge. On peut aussi admirer la (pré)maturité du gosse qui affronte des situations insoutenables - le réalisateur, habilement, les estompe en recourant à l'animation. Un peu trop long, se perdant parfois dans des digressions superflues, INFANCIA CLANDESTINA ne manque pourtant pas de moments poétiques et émouvants.

 

Daniel Grivel

Ancien membre

Appréciations

Nom Notes
Georges Blanc 13
Daniel Grivel 14
Geneviève Praplan 15
Antoine Rochat 15
Anne-Béatrice Schwab 14