Gerhard Richter Painting

Peindre au plus exact un sous-bois en automne, ou une falaise dominant la mer, c’est imiter, copier, reproduire. L’artiste non figuratif, lui, possède une vision qu’il doit mettre au jour par un long travail de recherche, de tentatives, d’observation; il crée. Le peintre Gerhard Richter l’explique. «Les toiles abstraites mettent en évidence une méthode: ne pas avoir de sujet, ne pas calculer, mais développer, faire naître.» Gerhard Richter est l’un des grands noms de l’art contemporain international, artiste polymorphe, travaillant souvent à partir de photos. Né à Dresde en 1932, il vit à Düsseldorf où il enseigne, partageant son savoir dans plusieurs autres écoles d’art, au Canada notamment.

Allemande elle aussi, la réalisatrice Corinna Belz l’accompagne dans ses échanges avec ses assistants, avec les responsables des institutions qui accrochent ses œuvres. C’est une partie de son film.

Mais surtout, elle se glisse dans l’atelier du peintre, pour filmer l’élaboration des toiles. Peu de dialogues, mais une image qui parle. Elle dit la sensualité de la matière, la mesure du geste. La main du peintre construit, adapte, corrige, laisse reposer son travail dont il saisira mieux l’évolution le lendemain. Corinna Belz se tient en retrait, choisit son moment pour la bonne question. Et le peintre se livre volontiers, dans un mélange de sérieux et d’humour. Pour les spectateurs, la découverte est riche. Et pour ceux qui rejettent l’art abstrait «parce qu’il ne représente rien», quelle belle démonstration du contraire!