Critique
L’inattendu, mais redouté, se produit. Les coqs ne chantent plus et il est impossible de bouter le feu au Bonhomme Hiver comme le veut la tradition. Au printemps, aucune pollinisation ne s’opère et les vaches ne donnent plus de lait. L’été voit le nombre d’insectes augmenter sans raison apparente, alors que les arbres sèchent irrémédiablement. En automne la violence monte, le pire n’est plus à craindre, il est là. Alors – bien sûr ? – le plus faible, l’étranger, la jeune femme en sont les premières cibles, boucs émissaires de ces événements terribles, liés à l’exploitation de la nature et du monde, et auxquels il faut bien donner une cause. Avec grande sobriété et efficacité, et un sens esthétique aigu (certains plans évoquent des peintures de Breughel), les réalisateurs abordent la question de l’écologie, mais sans théoriser ou donner de leçon, mais en évoquant les drames, notamment humains, que l’inattention ou l’indifférence pourraient engendrer. Un temps différent succèdera-t-il à ce désastre, porteur d’espoir, voire d’espérance? L’ouverture de la Passion selon St Jean de Jean-Sébastien Bach et les images angéliques qui les accompagnent peuvent suggérer que la souffrance de la création est peut-être une passion et du coup promise à un renouveau, une cinquième saison.
Serge Molla