Chehrazade ou la parole contre la mort

C’est Antoine Galland qui, au début du XVIIIe siècle, a fait découvrir au public francophone les «Contes des mille et une nuits», ce corpus de contes arabes d’origine persane et indienne. Chaque soir, la princesse Shéhérazade racontait une histoire au sultan son mari, afin de sauver sa tête (le monarque, trompé, avait décidé de faire exécuter toutes ses épouses), reportant la suite du récit au lendemain...

Grâce à la tradition orale, ces contes ont traversé les siècles, et le conteur-peinte-calligraphe-romancier-cinéaste tunisien Nacer Khemir a choisi de se filmer tel qu’en lui-même, en scène, assis sur une chaise face à un public invisible, entouré de lumignons à la flamme vacillante. Il entrelarde ses contes de quelques scènes intemporelles filmées à l’extérieur.

Bonne manière d’échapper à la machinerie financière du cinéma à grand spectacle (la réalisation n’a pas dû être ruineuse) mais, quoi qu’on en dise, il faut s’accrocher aux accoudoirs pour ne pas céder aux attaques de paupières...

Shéhérazade échangeait certes «la parole contre la mort» (tel est le sous-titre du film) mais, au bout du compte, Nacer Khemir aurait aussi bien pu proposer un disque audio!