Corps du métier (Le)

On se rappelle l’édification sauvage, en 2007, d’une «maison de paille» en plein cœur de Lausanne. Et sa disparition, quelques mois plus tard, suite à un incendie. Cette fois-ci, c’est en toute légalité qu’a été construite, dans un quartier de villas des hauts de Lausanne (Vers-chez-les-Blanc), entre mars et novembre 2010, une maison faite de paille porteuse et recouverte d’un pisé.

Deux jeunes cinéastes lausannois, Gwennaël Bolomey et Alexandre Morel, ont suivi les différentes étapes de la construction de cette villa, œuvre de quatre architectes qui ont mis en place un chantier participatif sur lequel se sont retrouvés étudiants en architecture, militants écologistes et constructeurs intéressés. Les réalisateurs du film ont su mêler description et explications, donnant la parole à chacun: au couple propriétaire, aux membres du Collectif d’architecture participative et écologique (CArPE), aux décideurs politiques, sans oublier les fournisseurs de paille, les grutiers, les contremaîtres, les ouvriers et les curieux. Les scènes de chantier se succèdent, entrecoupées de réflexions des maîtres de l’œuvre. Elargissant le propos, Le corps de métier laisse s’exprimer les partisans de ce nouveau mode de construction et ses détracteurs: il reste évidemment des problèmes à résoudre (éloignement du lieu de travail impliquant l’utilisation de véhicules, occupation du terrain, impact environnemental, etc.), mais la réflexion sur le développement durable et les économies d’énergie trouve là une application concrète.

De ce tableau d’un chantier expérimental et collectif se dégage une image intéressante, qui préfigure peut-être l’avenir. Le suivi de la construction, la part donnée à la description et aux propos explicatifs, le montage des séquences, tout est bien maîtrisé dans ce documentaire qui se présente comme le reflet de ce qui pourrait être une nouvelle technique (avec ses limites) et une nouvelle forme d’habitat (avec ses contraintes aussi). A noter que la Ville de Lausanne vient d’ouvrir, il y a dix jours, un chantier de construction identique - ECO 46, confié aussi au CArPE -, celui d’un bâtiment administratif, avec les mêmes matériaux locaux et naturels.