Tinguely

Affiche Tinguely
Réalisé par Thomas Thümena
Pays de production Suisse
Année 2012
Durée
Genre Documentaire, Biopic
Acteurs Jean Tinguely, Niki de Saint Phalle
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 633

Critique

Six ans après MA FAMILLE AFRICAINE, le cinéaste zurichois Thomas Thümena parle d’une autre famille - au sens large du terme -, celle de Jean Tinguely (1925-1991), rappelant les grandes étapes de la carrière de cet artiste atypique: ses débuts à Bâle comme décorateur, son départ pour Paris, puis la montée fulgurante de sa renommée, au début des années 60, qui en fait finalement un des artistes suisses du XXe siècle les plus connus au niveau international. Ses sculptures en ferraille seront le reflet de la société de son temps (consommation et déchets!), et Tinguely cherchera toujours à célébrer, à travers elles, une forme de poésie du quotidien. S’intéressant aussi à l’homme qui se cache derrière l’œuvre légendaire, Thomas Thümena rappelle quelle fut la vie sentimentale de l’artiste, sans oublier bien sûr celle qui, parmi ses épouses et compagnes, joua un rôle de premier plan dans son existence agitée, Niki de Saint Phalle.

«Tout est en mouvement, l’immobilité n’existe pas!»: tous les propos recueillis auprès de ses amis et de sa famille laissent clairement entendre que c’était son credo de vie. Jean Tinguely ressemblait à l’une de ces machines farfelues qu’il construisait et qui finissaient par s’autodétruire par le mouvement, le feu ou l’explosion, sous les yeux des spectateurs. Représentant d’une page importante de l’histoire de l’art moderne, provocateur conscient sous une apparente nonchalance, Tinguely ne s’est jamais ménagé, vivant «à fond la caisse», doté d’une énergie sans limites qui finira pourtant par avoir raison de lui, à 66 ans.

Le film illustre la manière dont l’artiste a connu les honneurs dans une patrie qui lui avait d’abord refusé son estime. Et derrière le matériel d’archives et les nombreux souvenirs de la «bande à Jean», c’est l’homme qui devient palpable: son côté narcissique, son regard tantôt serein, tantôt mélancolique, jamais immobile. Le mérite essentiel du documentaire de Thomas Thümena est de ne pas cacher que la manière de vivre de Tinguely - à sa guise, avec ses frasques inattendues, sans concession à la morale bourgeoise ou à la mode artistique - faisait aussi souffrir son entourage. Avant de le faire souffrir à son tour.

Note: 13

Antoine Rochat