Georges Descombes, un architecte dans le paysage

Affiche Georges Descombes, un architecte dans le paysage
Réalisé par Carlos Lopez
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 633

Critique

On suit tout d’abord l’architecte Georges Descombes sur les anciens sentiers forestiers d’un tronçon de la Voie suisse (Schwytz) aménagée par lui à la fin des années 80. Devant un bloc erratique (débroussaillé à l’époque par l’artiste Carmen Perrin), il se met à raconter l’histoire de notre monde… On l’accompagnera ensuite sur les lieux urbains qu’il a réaménagés en 1994-98 (suite au crash d’un boeing en pleine ville) à Amsterdam, puis dans les Jardins d’été du XVIIIe arrondissement de Paris, ou à Genève au bord du canal de l’Aire où sont entrepris actuellement des travaux de correction de la rivière. De «renaturation», précise Georges Descombes, que l’on définit comme un «architecte dans le paysage».

La caméra observe, et l’architecte parle: «Quelle place notre environnement urbain laisse-t-il encore à notre imagination, à nos émotions?» Entouré de quelques collègues et compagnons de route (comme Herman Hertzberger ou Michel Corajoud), Georges Descombes porte un jugement assez sévère sur l’architecture actuelle, trop éloignée de la vie, dit-il: «Dans notre métier, on ne doit pas privilégier la forme pour la forme, mais la forme pour les gens, pour les activités des gens. L’imagination n’est pas une création, mais bien plutôt l’intensification des choses existantes.»

Le cinéaste helvético-argentin Carlos Lopez (qui a aussi été architecte et urbaniste) a questionné artistes et amis de G. Descombes: «Mon film ne répond à aucune volonté documentaire. J’ai cherché à saisir et à transmettre le fil d’une pensée, la poésie d’une écriture, le climat des lieux.» Le portrait qu’il fait de l’architecte et professeur d’université n’a rien d’hagiographique ou d’anecdotique. Il s’agit d’une sorte de voyage poétique et philosophique au cours duquel le personnage qu’il filme identifie autour de lui une forme de renoncement à la dimension culturelle du métier: «Alors que l’on s’attarde sur l’ouvrage d’exception, jamais on n’a bâti l’ordinaire de notre planète de manière plus misérable, plus a-signifiante, qu’en ces XXe et XXIe siècles.» Un constat plutôt amer.

Note: 12

Antoine Rochat