The Hunter

Affiche The Hunter
Réalisé par Rafi Pitts
Pays de production Allemagne, Iran
Année 2010
Durée
Genre Drame, Thriller
Distributeur trigonfilm
Acteurs Rafi Pitts, Mitra Hajjar, Saba Yaghoobi, Ali Nicksaulat, Hassan Ghalenoi
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 631
Bande annonce (Allociné)

Critique

Téhéran en 2009: Ali (Rafi Pitts, à la fois acteur et réalisateur), récemment libéré de prison, est veilleur de nuit dans une gigantesque usine automatisée. Ce qui l’empêche de vivre normalement avec sa femme et sa fille. Lorsqu’elles disparaissent dans les émeutes qui secouent la ville, Ali, fou d’inquiétude, décide de s’adresser à la police pour savoir ce qu’elles sont devenues. Mais le chaos règne au commissariat et l’indifférence des officiers nargue le pauvre homme. Après des heures d’attente, on lui annonce que sa femme a été prise dans une fusillade. Un peu plus tard, on lui présente le cadavre de sa fille. Ali, visage impassible, se mue alors en tueur, poursuivant de sa haine des policiers qu’il abat au hasard sur l’autoroute de la Révolution. Il s’enfuit dans une forêt où il est rejoint par deux agents qui finissent par le capturer. Mais les trois hommes se perdent dans la forêt et se trouvent aux prises avec leurs propres démons. Qui est le chasseur, qui est le chassé? Dans l’épaisseur de la forêt, chacun est mis à nu.

The Hunter est un film âpre et engagé dont la force se révèle peu à peu, après qu’on a quitté la salle de projection. Sur le moment, on veut échapper à son implacable noirceur et à l’impassibilité de son personnage qui n’invite pas à l’empathie. C’est vrai qu’à aucun moment Rafi Pitts ne cherche à faire vibrer la corde sensible du spectateur. Mais, peu à peu, le film revient nous hanter. Car Rafi Pitts nous parle de l’absence de libertés et du flicage de tout un peuple avec une économie de moyens d’une redoutable efficacité, malgré les lourdeurs du début.

Tout commence par une image qui nous rappelle vaguement Easy Rider, avec des Pasdaran à moto qui s’apprêtent à rouler sur le drapeau américain soigneusement dessiné sur le bitume. Puis on découvre un enchevêtrement d’autoroutes, qui fait penser qu’on est dans une grande ville de l’Ouest américain. Mais on est bel et bien à Téhéran, mégapole secouée par des manifestations quasi quotidiennes. Pour réaliser son film, Rafi Pitts a dû tricher avec la censure en faisant passer son héros pour un tueur fou plutôt que d’assumer le geste politique de ce dernier. Son film est interdit en Iran. Mais il a pu passer en Occident où il a été présenté en compétition l’année passée au 60e Festival international du film de Berlin. Il débarque ces jours-ci dans les salles en Suisse romande, alors que les mouvements sociaux agitent l’Afrique du Nord et le Proche-Orient.

Appréciations

Nom Notes
10
Daniel Grivel 9
Antoine Rochat 9
Serge Molla 12
Anne-Béatrice Schwab 14