Kick Off

A Kirkouk, capitale autonome du Kurdistan et ville-clé de l’industrie pétrolière irakienne, quelques familles, kurdes principalement, squattent le stade de football en piteux état. Elles survivent tant bien que mal au royaume de la débrouillardise. Deux amis, après avoir assisté à la télévision à la victoire de l’Irak lors de la finale de la Coupe d’Asie de football, décident d’organiser sur ce propre stade un tournoi amical entre les diverses communautés. L’idée est séduisante, mais va jouer bien vite le rôle de révélateur de la situation politique, sociale et humaine. Le match n’a pas débuté que les obstacles se dressent les uns après les autres. Menaces d’expulsion dudit stade occupé illégalement, dangerosité du site, minimum d’équipement requis, affrontements ethniques, etc. Pourtant ni Asu ni Sako ne désespèrent. N’est-ce pas ce qui pourrait arriver de mieux à cette communauté humaine d’infortune?

Par petites touches, le réalisateur, qui ne dispose guère de moyens, réussit à proposer une comédie douce-amère où la réalité dépasse certainement la fiction. Sans perdre de vue son sujet principal, Korbi arrive en sus à évoquer la difficulté de l’expression des sentiments amoureux et le drame des enfants que leurs jeux ont entraînés sur des terrains minés. Ainsi, le drame rôde à plusieurs reprises, sans toutefois éclater de façon attendue. Et si deux images pouvaient résumer l’ambiance de ce film en noir et blanc d’une grande sensibilité, ce seraient celles de ce pigeon qui niche sur une antenne et de cet hélicoptère noir qui, tel un oiseau de proie menaçant, passe et repasse régulièrement au-dessus du stade.