Entre ciel et terre

Le film possède un sous-titre - «L’anthroposophie aujourd’hui» - qui est plus explicite. Le cinéaste suisse Christian Labhart, qui avait déjà filmé (ZUM ABSCHIED MOZART, 2006) un projet de chorale à l’Ecole Steiner de Wetzikon, tente ici le pari d’aller plus loin et de réaliser un film sur l’anthroposophie, ce système de pensée développé par Rudolf Steiner (1861-1925) et dont les préceptes sont appliqués un peu partout aujourd’hui dans des domaines aussi variés que la pédagogie, la médecine, l’agriculture ou les arts. Dans un périple qui nous mène d’Egypte en Suisse en passant par la Suède et l’Allemagne, ce documentaire part à la rencontre de sept personnalités qui se sont engagées activement dans l’anthroposophie et se sont efforcées d’en adapter les principes aux modes de la vie moderne. Parmi elles il y a aussi celles et ceux qui, devenus plus réticents, ont quitté ce mouvement parfois contesté. Dialogue entre enthousiastes et sceptiques, ENTRE CIEL ET TERRE se présente, à travers ces témoignages, comme une sorte de mosaïque assez complexe: au spectateur d’en identifier les différents morceaux, de sauter d’une idée à une autre, ou d’un lieu géographique à un autre.

Qu’on en juge. On va croiser Bodo von Plato, membre de la direction du Goetheanum, l’énorme bâtiment construit à Dornach - temple? mémorial? bunker étouffant? - qui est le centre mondial de l’anthroposophie. On entendra Claudine Nierth, passionnée d’eurythmie, qui s’est engagée dans un processus de développement de démocratie directe en Allemagne; Martin Ott, qui a mis sur pied une immense entreprise agricole biodynamique à but social et thérapeutique dans l’Oberland bernois; Christoph Homberger - le plus critique de tous les intervenants - qui a fait des études de chant et est devenu un soliste international renommé; Sebastian Gronbach, écrivain et journaliste à Cologne; Suzanne Wende, enseignante depuis dix ans à l’Ecole Steiner de Kreuzlingen; Christoph Graf, directeur artistique de l’immense Académie eurythmique de Sekem, en Egypte…

Le visionnement de ENTRE CIEL ET TERRE n’est pas une sinécure: les commentaires des intervenants et les multiples séquences découpées dans les interviews exigent une attention soutenue, les citations ne manquent pas, et l’on ne reprochera pas au cinéaste d’avoir visé trop bas… L’approche des écrits de Rudolf Steiner, l’évocation des divers mouvements liés à son influence sur le plan international ne se prêtaient pas à une mise en images facile. Ce sont là sans doute les limites d’un documentaire - produit par la Télévision suisse allemande - par moments ésotérique, mais qui reste intéressant.

Note: 11