Poetry

Mija, 66 ans, vit avec son petit-fils Jong-wook, sorte d’autiste replié sur son téléviseur et ses jeux électroniques, dans une petite ville sur les rives du fleuve Han. Bien que sa santé lui fasse du souci (elle souffre de fourmillements et de problèmes de mémoire), elle ne se laisse pas aller, soigne sa mise, s’inscrit à un cours de poésie et porte un regard neuf sur le monde qui l’entoure, apprenant à «voir de la poésie même dans de la vaisselle sale». Et de la saleté, elle en verra: une adolescente est retrouvée dans le fleuve où elle a fini par se jeter après avoir été violée et maltraitée à répétition par six camarades de classe, dont Jongwook. Elle est invitée par les pères des autres garçons à contribuer au substantiel dédommagement devant permettre d’éviter des suites pénales. Mais comment faire lorsqu’on est une veuve au train de vie modeste?

Une histoire délicate, traitée avec délicatesse, et un beau cheminement vers la rédemption.



Daniel Grivel





Le Jury œcuménique du Festival de Cannes a également décerné une Mention spéciale:

«Grâce à la poésie, Mija, grand-mère digne, fragilisée par la maladie et la culpabilité, s’ouvre à un regard contemplatif sur le monde.»







Le Regard d’Or du Festival international de films de Fribourg a été décerné à POETRY. D’aucuns s’y attendaient. Le très beau film de Lee Chang-dong avait été un peu injustement oublié par le Jury du Festival de Cannes 2010, qui ne lui avait attribué «que» le Prix du meilleur scénario… La distinction offerte aujourd’hui par le Jury du FIFF est parfaitement justifiée: POETRY est original dans le fond (une femme soigne un vieil homme, suit des cours de poésie et voit sa vie transformée par les frasques de son petit-fils) et dans sa forme (un ton à la fois subtil et critique, une écriture et rigoureuse et poétique). Un film qui parle de choses profondes, et une interprétation (l’actrice Yoon Jung-hee) de qualité. La Fédération internationale de la presse (FIPRESCI) lui a aussi attribué son prix.



Antoine Rochat