Critique
Hanoi aujourd’hui. Bi, 6 ans, vit avec ses parents, sa tante et leur cuisinière. Ses terrains de jeu sont une fabrique de blocs de glace ou les bords d’une rivière. Le petit garçon a une bonne relation avec son grand-père malade, tandis que son père s’enivre chaque soir et entretient une liaison avec une masseuse. La mère ferme le yeux, tandis que la tante, toujours célibataire, semble attirée par un jeune homme…
La saison est torride, les amours aussi: les morceaux de glace de la fabrique vont jouer un rôle important, permettant de rafraîchir les boissons, d’atténuer les douleurs du grand-père et d’apaiser les pulsions sexuelles… Mais la glace fond très vite aussi, tout comme l’intérêt de ce film sans structure narrative, dépourvu de toute ambition psychologique et qui semble éviter toute dramaturgie. Reste un beau portrait de femmes, plus fortes et persévérantes que les hommes, décrits par le cinéaste comme résolument faiblards. A signaler que tout ce monde semble avoir beaucoup de choses à cacher - il est vrai que le Vietnam a connu bien des bouleversements historiques et politiques, et qu’il n’est pas facile d’en parler -, mais rien n’émergera vraiment ni du passé du pays, ni de ce premier long métrage sympathique mais un peu décevant.
Antoine Rochat, au Festival de Cannes 2010
Bi, garçonnet facétieux de 6 ans, vit dans la vieille ville de Hanoi. Un père foireur et alcoolique, une mère plutôt absente, une jolie tante étrange, un grand-père gravement malade, une famille vietnamienne qui se déglingue… BI, DUNG SO! est un film assez indéfinissable, insolite, érotique et charnel par moments, réfléchi sans doute, mais pas toujours convaincant. Le cinéaste tente de nous faire partager la vie intérieure de quelques personnages - priorité est donnée à plusieurs portraits intéressants de femmes - dont les images éveillées et les rêves n’ont guère de rapport avec la réalité de la vie quotidienne. Peut-être est-ce ce décalage qui est finalement le sujet de ce film, au montage subtil mais artificiel? De cette chronique familiale - dont la description n’est pas toujours exempte de trivialité -, on garde le sentiment morose d’une forme de désintégration.
Antoine Rochat, au Festival international de films de Fribourg 2011
Antoine Rochat