Frères

Affiche Frères
Réalisé par Igaal Niddam
Pays de production France
Année 2009
Durée
Musique Attila Favarelli
Genre Divers
Acteurs Christine Brucher, Féodor Atkine, Benoît Marchand, François Roy (II), Romain Rondeau
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 610

Critique

FRERES, nouveau long métrage d’Igaal Niddam, est un plaidoyer nuancé, sensible et intelligent pour la séparation des pouvoirs politique et religieux en Israël, pays miné par la formidable montée en puissance du fanatisme religieux qui s’est substitué peu à peu à l’idéologie sioniste des kibboutzim. Le réalisateur met à jour une inquiétante fracture, masquée jusque-là par les conflits avec les pays arabes voisins, à travers deux frères qui ont chacun une conception diamétralement opposée de l’identité israélienne et de la judaïté. Dan (Micha Selectar) travaille depuis vingt-cinq ans comme berger dans un kibboutz et défend farouchement un Etat laïc. Il retrouve son frère Aharon (Baruch Brener), de retour des Etats-Unis après des années de silence. Le frère d’Amérique est devenu un rabbin érudit, doublé d’un juriste appelé à la rescousse pour défendre les étudiants d’une yeshivah, école religieuse de tendance ultra-orthodoxe, accusée par le Ministère de la défense israélien de permettre à ses élèves de se dérober à leurs obligations militaires. Devant la Cour suprême, Aharon se retrouve face à une avocate (Orna Fitoussi) qui défend la laïcité de l’Etat avec une farouche conviction. Ces deux êtres d’une même trempe qui se retrouvent face à face apprennent lentement à s’apprécier mais surtout à évoluer.

Le réalisateur, cadreur pendant quinze ans à la Télévision suisse romande, a travaillé tout en finesse, se gardant de toute caricature. Ses personnages ne sont pas taillés dans le roc des certitudes. Ils évoluent au fil des événements. On sent qu’avant de se lancer dans son docu-fiction, Igaal Niddam a mené une enquête approfondie auprès des protagonistes qui ont inspiré son long métrage.

Le film est porté par ses deux acteurs formidables, qui ont décroché deux des principales distinctions du 22e Festival international de programmes audiovisuels (FIPA) de Biarritz: Orna Fitoussi a en effet obtenu le FIPA d’Or de la meilleure interprétation féminine, tandis que Baruch Brener s’est vu décerner celui de la meilleure interprétation masculine. Ce dernier a dans son regard une humanité qui irradie, quand bien même, d’emblée, son personnage inspire plutôt de la méfiance, voire du rejet. Igaal Niddam a choisi la sobriété et l’érudition pour ses dialogues qu’il filme comme du théâtre, pour éclairer une situation souvent ignorée ici et souligner les dérives de tout fanatisme, quel qu’il soit. Une démonstration convaincante.