Critique
Approchant de la cinquantaine, le cinéaste Guido Contini (Daniel Day-Lewis) n’a plus d’inspiration. Alors que la conférence de presse est annoncée, il n’a pas un mot à dire sur son prochain film. Perdu, il se jette de plus belle dans la vie dissolue qu’il a menée jusqu’ici, seul refuge devant la page vide. Guido trompe sa femme (Marion Cotillard), n’écoute pas sa mère (Sophia Loren), mais mesure la vacuité de son existence…
A l’origine, il y a Fellini et HUIT ET DEMI (1963). Puis, en 1982, vient Nine, comédie musicale qui a fait fureur à Broadway, avec 732 représentations. Rob Marshall tente sans beaucoup de succès une synthèse des deux genres, entouré d’une collection d’acteurs célèbres. Sa réalisation souffre d’une inadéquation entre le film lui-même et les numéros musicaux qui cassent le rythme sans nourrir le scénario. Mise en scène de façon trop convenue, la fuite de Guido d’une femme à l’autre se confine dans le stéréotype. Plutôt que de réelles présences, les Kidman, Cotillard, Cruz en deviennent des appels aux Oscars. C’est dommage pour ce grand comédien qu’est Daniel Day-Lewis, parfait comme toujours. Entre les tentatives de suicides et les crises de jalousie de ses partenaires, il est bien le seul à mettre en valeur le passionnant propos du film: l’absence d’inspiration de l’artiste et la vanité des apparences.
Geneviève Praplan