Baba's Song

Affiche Baba's Song
Réalisé par Wolfgang Panzer
Pays de production Suisse
Année 2009
Durée
Genre Chronique africaine
Distributeur Vega Films
Acteurs Franka Potente, Gilles Tschudi, Sila Bakali, Joseph Pamfo, Sabina Schneebeli
Age légal 10 ans
Age suggéré 10 ans
N° cinéfeuilles 605

Critique

Baba's Song, film de fiction riche et parfois déroutant, est une plongée dans un pays africain dont on parle peu, le Malawi. Auteur du scénario, Wolfgang Panzer (Broken Silence, 1996) suit les pas de deux jeunes garçons débrouillards et attachants. Un voyage plein de musiques et d’émotions.

Scénariste et réalisateur (TV et cinéma), Wolfgang Panzer est surtout connu pour avoir tourné Broken Silence(1996), l’étrange pèlerinage (ou voyage initiatique) d’un moine et d’une touriste noire en Inde. Un film très bien reçu par la critique et le public. Avec Baba's Song il s’agit d’un autre voyage, celui de deux enfants à travers le Malawi, un des pays les plus pauvres du monde, où Wolfgang Panzer a travaillé à plusieurs reprises et tourné en 2003 une série TV d’une douzaine d’épisodes qui connurent un énorme succès et qui furent diffusés par la suite dans toute l’Afrique.

Baba's Song est donc un film de fiction. Le réalisateur s’attache aux pas de Baba (Sila Bakali) et de Jo (Joseph Pamfo), deux enfants des rues de Blantyre - l’une des principales villes de ce pays de 12 millions d’habitants - qui ne pourraient pas être plus différents l’un de l’autre. Placé dans un orphelinat, Baba s’en échappera au moment où il comprendra que deux Allemandes souhaitent l’«adopter». Il n’articule plus un mot depuis la mort de ses parents, et ne sort de son mutisme que pour chanter ou jouer sur ce qui lui sert de batterie - quelques boîtes de conserves et capsules de bouteilles… Quant au second garçon, Jo, jeune réfugié rondouillard et dégourdi qui connaît toutes les rues et les combines de la ville, il possède un bagout qui lui permet de se sortir de toutes les embrouilles. Les hasards de leur route commune les feront rencontrer Ben Michael, un musicien qui est aussi la plus grande star du Malawi: fasciné par le talent de Baba, Ben Michael cherchera à l’engager. Musique et amitié en sortiront victorieuses…

Wolfgang Panzer connaît bien le Malawi, qu’il présente comme un pays déchiré entre tradition et modernité, en proie aux maux que l’on sait: le sida fait des ravages, le racket est quotidien, l’aide humanitaire a bien de la peine à remplir son rôle (il y a des profiteurs), les ONG ne sont pas toujours efficaces, les enfants sont livrés a eux-mêmes. La liste est longue et le cinéaste veut tout dire, ne rien cacher de ce qu’il a vu. Au détriment parfois de la netteté de son propos. «On fait parfois faux, dit-il. J’ai voulu raconter l’histoire d’un enfant incapable de s’adapter aux prescriptions établies par les organisations humanitaires, un enfant qui perd ses parents, que son village renvoie, qu’un orphelinat essaie de vendre, et qui doit survivre.» Avec son talent de batteur et de chanteur, le jeune Sila Bakali s’en tirera. Lui en tous cas…

Il y a trois «Blancs» dans le film: le directeur de l’orphelinat (Gilles Tschudi) et deux jeunes femmes (Sabina Schneebeli et Franka Potente) qui voudraient bien emmener Baba en Europe. Wolfgang Panzer n’est pas tendre avec eux: le directeur est un gestionnaire qui considère Baba comme une marchandise à vendre, et les deux femmes font fausse route: «A travers elles, dit-il, je voulais montrer un vrai couple européen qui, selon les critères européens, ne serait jamais autorisé à adopter un enfant. (…) Le trafic des enfants au Malawi est un grave problème que le gouvernement tente de contenir. Un problème qui est maintenant mis en lumière dans les médias avec les histoires d’adoption de Madonna…»

A noter qu’au-delà de l’intrigue (et de sa composante documentaire), Baba's Song se présente aussi comme un voyage musical à travers un pays africain. Baba est un percussionniste de talent, et l’existence pleine d’imprévus des deux protagonistes s’accompagne de nombreuses séquences et interventions musicales, autant de ponctuations le plus souvent joyeuses du récit.

Avec Baba's Song le réalisateur a voulu raconter une histoire qui parle à l’émotion, qui s’adresse à un grand public. Voilà un film très riche qui cherche à élargir notre horizon. On ne fera donc pas le reproche au cinéaste d’avoir voulu, dans son souci d’exhaustivité, dire beaucoup de choses, dans quelques scènes parfois rapides et stéréotypées.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 15
Daniel Grivel 14
Geneviève Praplan 15
Anne-Béatrice Schwab 11
Maurice Terrail 12