U2 3D

Affiche U2 3D
Réalisé par Mark Pellington, Catherine Owens
Pays de production U.S.A.
Année 2008
Durée
Genre Documentaire
Acteurs Bono, The Edge, Adam Clayton, Larry Mullen Jr.
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 603
Bande annonce (Allociné)

Critique

Tourné il y a quatre ans déjà et projeté à Cannes en 2008, U2 3D se présente comme un film ambitieux. Les deux cinéastes américains qui en sont les auteurs ont tenté de placer - et d’immerger en utilisant la technique du cinéma en relief - le spectateur au beau milieu d’un concert du célèbre groupe irlandais U2, donné dans un stade de Buenos Aires plein à craquer. Le moins que l’on puisse dire, c’est que, même avec des lunettes 3D, l’expérience n’est pas concluante.

La faute n’incombe pas au groupe rock énergiquement emmené par Bono, ni à l’enthousiasme inaltérable des milliers de fans présents. La raison de la déception n’est pas à rechercher non plus du côté de la musique ou des textes (on connaît le message humaniste véhiculé par U2), mais bien plutôt de la surcharge sonore, de la débauche d’images abusivement prises à contre-jour, de la multiplicité des écrans géants illuminés qui dispersent l’attention, du tourbillon des neuf caméras virevoltant à l’envi, de l’abondance des fumigènes plombant la scène: dans cette profusion d’effets techniques, le visionnement en 3D n’ajoute strictement rien, n’en déplaise au thuriféraires - c’est un peu la mode - du «tout relief». A part une ou deux séquences qui donnent l’illusion de côtoyer quelques secondes chacune des quatre vedettes occupant l’immense plateau, il n’y a vraiment rien qui justifie le recours à un procédé déformant le plus souvent la silhouette des musiciens (sur scène) et ravalant le public (dans le stade) au rang d’un conglomérat d’insectes agitant ses élytres en délire. S’il s’agit de faire chanter le public, on veut bien. Mais qu’y a-t-il de cinématographique là-dedans? Sans recourir à la technologie 3D, mais avec beaucoup plus de talent, Martin Scorsese (SHINE A LIGHT, 2007) avait rempli son contrat et tourné un remarquable film-concert avec les Rolling Stones. Et c’était du cinéma.

Antoine Rochat