Tsar (Le)

Affiche Tsar (Le)
Réalisé par Pavel Lounguine
Pays de production Russie
Année 2009
Durée
Musique Iouri Krassavine
Genre Historique
Distributeur Rezo Films
Acteurs Piotr Mamonov, Youri Kuznetzov, Oleg Yankovsky, Alexandre Domogarov, Alexeï Makarov
N° cinéfeuilles 592
Bande annonce (Allociné)

Critique

En réalisant un film sur Ivan le Terrible après le chef-d’œuvre d’Eisenstein, Pavel Lounguine a pris le risque d’oser proposer sa version de ce tsar si controversé. Le pari est réussi dans la mesure (ou la démesure…) où le film s’inscrit dans la grande lignée de la littérature et du cinéma russes.

Aux scènes de bataille, de violence et de liturgie, ponctuées par une ample musique originale au diapason, Lounguine oppose en contrepoint l’affrontement entre deux hommes, entre deux pouvoirs: le tsar Ivan, investi de droit divin, et le métropolite Philippe, qu’il a choisi, mais qui lui résistera au nom du droit supérieur de Dieu, avant de mourir en saint. Cette version russe du conflit qui opposa à la même époque Henri VIII et Thomas Becket est servie par des acteurs exceptionnels (Piotr Mamonov et Oleg Yankovskiy). Ils incarnent dans toute sa violence le conflit entre un pouvoir politique qui se mêle de religion et un pouvoir religieux qui n’échappe pas au politique.

Obsédé de Dieu, écartelé entre sa condition humaine de pécheur et son infaillibilité en tant que tsar, Ivan nourrit sa folie et sa cruauté de passages de l’Apocalypse et prétend ériger lui-même la Jérusalem céleste. Comme toutes les tentatives historiques d’édifier le Royaume de Dieu sur la terre, cela tourne à la terreur d’un absolutisme sanglant.

Par son ampleur et sa somptueuse cruauté, LE TSAR illustre les dérives de tous les régimes où le tyran, prétendant agir au nom du peuple, finit par le perdre. D’Ivan à Staline ou à Poutine, le pouvoir devient mangeur d’hommes et seule survit l’innocence d’une enfant handicapée qui brandit l’icône de la Vierge pour calmer l’ours à qui les adversaires d’Ivan avaient été jetés en pâture.

Face à la folie du pouvoir, soulignée par un terrible bouffon, le film est un hymne à la résistance des humbles qui, comme l’agneau immolé de l’Apocalypse, triompheront finalement de la barbarie au pouvoir.

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