Encerclement (L') - La démocratie dans les rets du néolibéralisme

Affiche Encerclement (L') - La démocratie dans les rets du néolibéralisme
Réalisé par Richard Brouillette
Pays de production Canada
Année 2008
Durée
Musique Éric Morin
Genre Documentaire
Distributeur Les Films du Paradoxe
Acteurs Noam Chomsky, Ignacio Ramonet, Filip Palda, Donald J. Boudreaux, François Denord
N° cinéfeuilles 594
Bande annonce (Allociné)

Critique

Structuré en une dizaine de chapitres, L’ENCERCLEMENT n’offre guère de répit au spectateur. Partisans et adversaires du néolibéralisme - parmi lesquels Noam Chomsky, Ignacio Ramonet et Omar Aktouf - vont s’exprimer personnellement pendant plus de 2 h 30, mais sans confrontation directe. Treize personnalités filmées en noir et blanc, en gros plans, usant d’une dialectique pointue (mais toujours compréhensible) et de formules souvent tranchantes (voir plus loin). Les uns apparaissent passionnés, les autres plus mesurés dans leurs propos. Le cinéaste canadien Richard Brouillette laisse parler chacun, sans intervenir, se bornant à glisser quelques textes, intertitres ou commentaires sur l’écran.

Le film aborde son sujet - la démocratie dans les rets du néolibéralisme - par un bref rappel historique et quelques images d’archives des années 1929-1950, puis examine sous divers angles les rôles joués par certains gouvernements et par le système démocratique en général. L’ENCERCLEMENT ressemble davantage à un cours universitaire (mais d’une excellente vulgarisation) qu’à un film grand public. Autant le réalisateur autrichien Erwin Wagenhofer (LET’S MAKE MONEY, CF n. 591) utilisait essentiellement des images (sans commentaires) pour évoquer des problèmes analogues, autant Richard Brouillette propose un document dépouillé de tout spectacle, sous forme de longs plans-séquences où la parole est omniprésente.

Tous les aspects de la question sont abordés: régime globalitaire, déréglementation, rôle du FMI et de la BM, coercition étatique ou laisser-faire, différence de sens entre libéral et «libertarien», privatisation, délocalisation, rôle des «think tanks», etc. Florilège: «L’éducation ne doit pas être laissée à la discrétion de l’Etat - La restitution des richesses à la population est un acte immoral - L’économie est une science, qui n’a donc rien à voir avec des problèmes d’ordre éthique - Prélude à la vie économique, l’éducation se doit de former des «employables» sur le marché du travail - L’aide sociale nuit aux familles, en particulier l’assurance-chômage», etc.

Réalisation intéressante, modeste sinon austère, ce documentaire atypique donne une large place aux propos éclairants et bien présentés des détracteurs et des défenseurs du néolibéralisme. Un sujet d’actualité…

Antoine Rochat