Max Bill - Un regard absolu

Affiche Max Bill - Un regard absolu
Réalisé par Erich Schmid
Pays de production
Année 2008
Genre Divers
Acteurs Jennifer Peedom
N° cinéfeuilles 589

Critique

Entre le Max Bill antifasciste des années 30 (longtemps surveillé par la police fédérale) et le Max Bill récipiendaire du «Prix Nobel des Arts» dans les années 90, que de chemin parcouru! Le documentaire que lui consacre le journaliste et cinéaste Erich Schmid est une bonne approche de la personnalité (complexe) du peintre, sculpteur, graphiste, «designer» et architecte suisse (1908-1994). Un artiste important, qui a noué de nombreux contacts au cours de sa vie, qui a croisé Kandinsky, Klee et Picasso, ou encore Sartre, Ignazio Silone et Max Ernst, et qui a tenté de placer son travail de créateur au centre de ce qu’on appelle aujourd’hui «l’environnement».

MAX BILL - UN REGARD ABSOLU a ceci d’original qu’il réserve une place importante au commentaire d’Angela Thomas, historienne de l’art, qui fut la dernière épouse (de 40 ans plus jeune que lui) de Max Bill. Savoir par ailleurs qu’elle s’est remariée (quatre ans après la disparition de Max Bill) avec le cinéaste Erich Schmid permet de mieux comprendre à la fois le caractère souvent très personnel et intimiste du film, comme par ailleurs peut-être l’absence de distance critique vis-à-vis de l’œuvre et de la personnalité de l’artiste.

Le cinéaste a pu disposer d’un matériel normalement peu accessible en pareilles circonstances (photos et documents personnels, déclarations de Max Bill, films sur sa vie). Les considérations sur l’art en général, sur l’esthétisme ou la politique s’enchaînent suivant un fil conducteur qui est celui de la chronologie, dans un voyage d’exploration jalonné d’interventions extérieures, de confidences de témoins contemporains. Leurs remarques permettent de mieux définir l’homme, de (re)découvrir le cheminement d’un artiste qui a fortement plaidé pour que l’art endosse une forme de vraie responsabilité - dans le domaine architectural notamment - à l’égard de la vie sociale et environnementale.

Erich Schmid a manifestement cherché à montrer comment Max Bill a tenté d’atteindre un tel objectif, et ce sont sans doute les meilleurs moments du film, le reste appartenant au rappel des différentes étapes de sa carrière et à l’évocation des lieux où il a vécu. Le film s’attache à retrouver la figure de Max Bill, à la replacer dans son contexte historique, tout en donnant priorité à l’illustration, plutôt qu’à la réflexion critique.

Antoine Rochat