Critique
A la fin des années 80, Randy Robinson, dit «The Ram» («Le Bélier»), était une star du catch. Vingt ans plus tard, il ne se produit plus que dans des salles de gym de lycées ou des maisons de quartier… Brouillé avec sa fille, il est incapable d’entretenir une relation durable avec quiconque: il ne vit que pour le plaisir du spectacle et l’adoration de ses fans. Mais lorsqu’il est foudroyé par une crise cardiaque au beau milieu d’un match, son médecin lui explique qu’il doit absolument renoncer au catch: un autre combat pourrait lui être fatal. Résultat: errance, jusqu’au jour où une amie strip-teaseuse l’aide à reprendre contact avec sa fille et peut-être à repartir sur d’autres bases. Ce défi-là, il est bien décidé à le relever coûte que coûte. Mais les vieux démons guettent…
Mickey Rourke offre ici une interprétation saisissante, tant sur le plan physique, où l’acteur est presque méconnaissable, que sur le plan psychique, où il incarne avec une vérité troublante un homme brisé. En conséquence, hormis la violence et la grande dureté des combats, qui, même s’ils sont partiellement arrangés, mettent à mal les catcheurs, c’est un drame humain qui se joue. Quelle est la valeur d’une vie lorsqu’on a l’impression de «n’être plus qu’un bout de viande périmé»? Quelles sont les conditions pour tisser une relation? Qui a droit à l’échec et au pardon? Voici quelques-unes des questions auxquelles est confronté Randy dont l’humanité déchirante restera longtemps en mémoire. A noter enfin que ce film a obtenu le Lion d’Or à Venise 2008 et deux Golden Globes 2009, celui du meilleur acteur et de la meilleure chanson (composition et interprétation de Bruce Springsteen).
Serge Molla