Pour elle

Photographe de formation, Fred Cavayé avait envie de raconter des histoires. Mais c’est justement avec l’histoire que son premier film se prend les pieds dans la moquette. Voici un couple heureux, qui semble fait pour s’entendre jusqu’à la fin de ses jours. Un matin, la police fait irruption dans l’appartement: Lisa (Diane Kruger) est emmenée. Julien (Vincent Lindon) reste hébété avec leur bébé qui hurle. Sa femme est accusée de meurtre; il est convaincu que c’est une erreur et, après une révision inutile du procès, décide de la faire évader.

C’est un premier film et POUR ELLE n’est pas mal construit. On peut regretter que les acteurs «jouent» un peu trop et surtout, qu’ils articulent mal; on ne comprend presque pas Vincent Lindon.

Mais revenons à l’histoire. «Nous nous sommes demandé ce qui détermine le courage d’agir chez les individus. Face à une épreuve, certains réagissent, d’autres pas», explique le réalisateur. Vaste question, qui mériterait sans doute un Bergman aux commandes. Cavayé n’en est pas là et son film prend rapidement le rythme d’un policier, aux dépens de la psychologie. Car comment trouver plausible tout ce que tente de faire Julien, lui qui n’a jamais tenu une arme? A cause de l’amour qu’il porte à sa femme? L’amour donne des ailes, dit-on. Mais les ailes de Julien ne s’expliqueraient que par une grande expérience, ou par un si grand nombre de coïncidences que, non décidément, on n’y croit pas.