The Drummer

Affiche The Drummer
Réalisé par Kenneth Bi
Pays de production Allemagne
Année 2007
Genre Drame
Acteurs Tony Leung Ka Fai, Jaycee Chan, Lee Sinje, Roy Cheung, Josie Ho
N° cinéfeuilles 581

Critique

Surprenante réalisation, THE DRUMMER se trace une belle voie entre le monde de la mafia et celui de la philosophie zen. C’est le deuxième film du Chinois Kenneth Bi.

Sid (Jaycee Chan), batteur dans un orchestre rock de Hongkong, a séduit la fille d’un chef de gang, ami de son père Kwan (Tony Leung Ka Fai). Il va falloir payer et l’homme trompé réclame les deux mains du jeune garçon. Celui-ci doit prendre la fuite, assisté par son oncle Ah Chiu (Roy Cheung), le protecteur que lui impose son père. Sid se retrouve dans la campagne taïwanaise et tue le temps. Jusqu’au jour où, venus de la montagne, des sons de tambour captent son attention. Son goût pour la percussion le fait grimper jusqu’à la source de la musique. Il y découvre une troupe de batteurs de tambours traditionnels qui forment une communauté d’ascètes, entièrement dévouée à son art.

Après un départ sur les chapeaux de roue, les images chargées et bruyantes d’une vie de mafiosi se cassent au pied des montagnes. Le film emprunte alors la voie étroite du renoncement, de la méditation et, en conséquence, de la découverte de soi. Chemin certes moins dangereux que celui des truands de Hongkong, mais ô combien plus difficile, tant il mène aux antipodes de ce que connaissait Sid.

Dès lors, Kenneth Bi jongle entre ces deux pôles pour nouer les fils d’une relation familiale fort tumultueuse - Sid, sa sœur et leur père qu’ils aiment, bien qu’il soit capable envers eux de toutes les tyrannies. Les séquences hongkongaises sont donc plutôt convenues, plaisirs faciles et violences. La surprise provient des découvertes de Sid, de la beauté de l’art qui le fascine, de la grandeur d’une vie concentrée sur l’essentiel. Les passages musicaux et leurs chorégraphies sont splendides. L’esprit de la montagne souffle dans le sens de l’apaisement, le corps et l’esprit y trouvent de quoi reconstruire leur harmonie.

Le réalisateur prend beaucoup de temps pour arriver au nœud de son sujet. C’est une lente avancée vers un destin qui semble écrit, avancée au cours de laquelle Sid, enfant gâté peu intéressant, prend de l’ampleur et devient réellement quelqu’un, pour aboutir au spectacle vertigineux que donne la troupe à Hongkong. Entre ce début ordinaire et cette fin extraordinaire, le film lui aussi prend de la force, avec ses personnages dont il montre peu à peu les problèmes, ses images qui font systématiquement l’ellipse de la violence, ses scènes attendues qui ne font que relancer le surprenant quotidien des joueurs de tambours. Tandis qu’en une ultime tentative Sid se sert de sa nouvelle expérience, et de ce qui le fait vivre désormais, pour encourager Kwan à prendre la seule place qu’il aurait dû défendre, celle du père.

Geneviève Praplan