Chrigu

Affiche Chrigu
Réalisé par Jan Gassmann, Christian Ziörjen
Pays de production Suisse
Année 2007
Durée
Musique Fabio Bardelli, Dimitri Hefermehl, Sven Günther, Jonas Leuenberger, Hans-Jakob Mühlethaler, David Kohler, Mattia Mordasini
Genre Documentaire
Distributeur KMBO
Acteurs Christian Ziörjen
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 577
Bande annonce (Allociné)

Critique

Christian Ziörjen, 1982-2005. Voilà ce qui pourrait figurer sur la pierre tombale d’un jeune Bernois si ses cendres n’avaient été jetées dans une rivière coulant vers l’est, à la rencontre du soleil levant. Chrigu, comme l’appellent ses copains, était l’un des fils d’un couple baba cool (père paysan bio, mère pédagogue médicale). Intéressé par le cinéma, technicien d’un groupe de rap alémanique, les Mundartisten (jeu de mot sur Mundart, qui peut signifier dialecte comme «art de bouche»), il a 22 ans lorsqu’on lui découvre une forme très rare de cancer, tumeur affectant les vertèbres cervicales. Au début de ce qui s’avère être un documentaire insolite, on le voit très diminué par une chimiothérapie lourde. Il propose à son meilleur ami, Jan Gassmann, de tourner un film sur sa maladie et l’approche de la mort.

Par flash-back et séquences faisant penser à des clips, dans une chronologie un peu chaotique mais animée par un montage vif, la vie de Chrigu est évoquée: fêtes, concerts, voyages, séjours à l’hôpital. On pourrait avoir l’impression d’un montage de films-souvenirs en super-8, mais la caméra numérique permet une proximité et une netteté remarquables, sans pour autant tomber dans le voyeurisme. Comme l’a dit Gassmann, il ne s’agit pas d’un film sur une mort lente mais d’un document sur une vie courte.

Il n’empêche que le spectateur, le voulant ou non, assiste au déclin progressif de Chrigu et ne peut qu’admirer son cran, son humour, sa lucidité, l’affection de ses amis, sa mère qui le porte, son père qui parle peu mais n’en pense pas moins. La caméra est objective, certes, et il n’y a pas de mise en scène visant au pathos; mais il y a un regard profondément humain et une démarche libératrice face à l’angoisse.

Le Jury œcuménique du Festival de Berlin 2007 ne s’y est pas trompé, qui a décerné à CHRIGU son prix de la section Forum, comme décrivant le cheminement du jeune homme vers la mort en la considérant comme une partie de la vie et la vie comme une partie de la mort. «Tout au long de son parcours, Chrigu est un exemple de vie dans la manière dont il accepte l’inéluctabilité de la mort.»

Daniel Grivel