Critique
Marcel (Michel Piccoli), vieil homme fatigué, vit dans les combles d’un minable immeuble parisien. Son fils est aux abonnés absents, les services sociaux se font rares, le propriétaire des chambres terrorise ses locataires et le départ de son meilleur ami va le laisser désemparé. Seule la sollicitude d’une serveuse vient entretenir chez Marcel un semblant de goût à la vie.
Un ascenseur qui ne fonctionne plus, un écran de télévision où ne s’anime plus que de la neige, un message poignant sur le mobile d’un fils trop absent, un bistrot qui était un refuge et qui met la clef sous le paillasson, une lucarne que l’on cherche vainement à fermer, une fille qui n’en peut plus de pleurer son compagnon mort d’une surdose… Mais aussi une rose que l’on offre à cette fille, un couple enlacé pour une valse lente que l’on voudrait interminable, une épaule sur laquelle reposer son chagrin, deux compagnons qui n’ont pas besoin de parler pour se faire comprendre…
Tel est ce petit chef-d’œuvre à la fois drame des choses de la vie et poème délicat diffusant une lumière apaisante. Derrière une poignante description de la solitude et de la déchéance physique se devine en effet toute la chaleur des contacts humains. Cette impression est encore soulignée par un récit forcément lent, ne réservant aucun suspense et aucune surprise, et par un dialogue réduit à sa plus simple expression. C’est dans son propre parcours que le réalisateur a trouvé son inspiration pour le film. Kurde d’origine, Hiner Saleem a en effet été frappé à son arrivée à Paris du peu de cas que l’on faisait des aînés et de la solitude qui se terrait derrière des portes closes. Il est à souhaiter que son film-message soit bien reçu.
Georges Blanc