Enlacements

Affiche Enlacements
Réalisé par Stanley Kwan
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 372

Critique

Le film s'ouvre sur l'aéroport de Hong Kong. Un plan sur Rosa (Chingmy Yau), un autre sur Ah Moon (Chingmy Yau également), toutes les deux sont en partance pour Taïwan. La première rate le vol pour avoir oublié son sac dans un taxi. La deuxième embarque et périt dans le crash de l'avion. Les deux femmes sont incarnées par la même actrice, ce qui complique parfois la compréhension du récit.

Mais revenons en arrière. Ah Moon est une femme d'affaires, épouse d'un Fung Wai (Sunny Chan) trop passionné par l'informatique pour s'occuper de son mariage. Elle rencontre Jie (Yue-Lin Ko) et entame avec lui une relation passionnée. Sa disparition révèle la sexualité ambiguë de Jie. Ce dernier tente de savoir ce qui est arrivé, il tourne autour du jeune veuf et perçoit la complexité de ses propres sentiments. Il rentre alors dans son pays d'origine, Taïwan, y fait la connaissance de Rosa, auprès de qui il essaie de comprendre ce qu'il est en train de vivre et qui il est réellement. A Hong Kong, Fung Wai est déchiré par son deuil. Lui aussi a besoin d'une épaule amie. Il la trouve tout naturellement auprès de Tong (Eric Tsang), homosexuel qui s'assume en toute indépendance, magnifique personnage toujours prêt à oublier ses pulsions pour aider un ami.

Ces cinq personnes qui se croisent, se découvrent ou se perdent, tiennent dans leur histoire le jeu des relations humaines. C'est un jeu simple quand on s'en tient aux rapports définis par les principes. Il l'est beaucoup moins quand on essaie de les vivre au plus vrai, de les comprendre et de se comprendre. C'est tout ce mouvement, sexes et coeurs fortement liés, que Stanley Kwan met en scène avec beaucoup de retenue dans le fond, beaucoup d'invention dans l'image. Le film est un plaisir pour ses qualités visuelles, son pouvoir de suggestion, l'atmosphère particulière qu'il dégage, imprégnée des questions politiques qui agitent Hong Kong. Il l'est surtout par la solidité des sentiments qui se tissent entre les personnages. Ce n'est pas courant de rencontrer tant de loyauté sans mièvrerie au cinéma.

Geneviève Praplan