Critique
Suite à son SOUFFLE DU DESERT (2005), le réalisateur poursuit sa quête de la masculinité à travers le portrait de cinq jeunes (adultes) dans leur (non-)relation avec leur père. Ce sont respectivement: Karim qui n’a jamais connu son père, 16 ans, vivant dans un foyer lausannois; Tristan, 21 ans, élevé par sa grand-mère et sa mère qui vit avec une amie; Adrien, 18 ans, employé de commerce, gothique, fan de kung-fu, prêt à quitter son père pour emménager avec son amie; Joël, 21 ans, rappeur solitaire qui a quitté son père après une sérieuse dispute; Matthew, 16 ans, qui n’est en liaison avec son père que via internet, car ce dernier réside aux antipodes.
Lors du passage à l’âge adulte, des questions remontent et taraudent le jeune: qui est ce père? Que lui dois-je? Pourquoi n’est-il pas/plus là? Comment (re)nouer ou garder une relation? Il n’y a bien sûr pas de réponse unique à ces interrogations, chacun des jeunes apportera sa réponse, tout en portant peut-être un nouveau regard sur leurs mères. Grâce au naturel des cinq jeunes et à leur entourage, sans oublier un cameraman qui a su se faire oublier, le spectateur n’a pas l’impression d’être voyeur de situations délicates ou trop personnelles. Cependant, lorsque s’interrompt la narration de ces histoires parallèles, on se demande pourquoi le récit s’arrête là. C’est dire que ce documentaire, dont le point de vue est incertain, suscitera certainement de solides partages entre adultes et adolescents. A ce titre, il mérite d’être vu quand bien même il ne fait que survoler son sujet grave.
Serge Molla
