Critique
Kiyoshi Kurosawa commence par dresser le portrait tranquille d’une famille japonaise ordinaire. Mais les affaires vont aller se gâtant: le père, licencié sans préavis, décide de cacher l’événement à ses proches et de vivre son chômage en ville; le fils aîné est de plus en plus absent de la maison; Keiji, le plus jeune, se met en tête de prendre des leçons de piano - il a du talent, on le verra plus tard -, mais son père s’y oppose (il se dégotera pourtant un vieux clavier de synthétiseur pour s’exercer en cachette); quant à Megumi, la mère, qui vit sous l’éteignoir de son mari autoritaire et ombrageux, elle ne peut qu’assister, impuissante, à la lente désintégration de la cellule familiale.
Kiyoshi Kurosawa, mieux connu comme auteur de thrillers costauds et de films de suspense, avait tourné, en 2000, un excellent film fantastique, KAIRO. C’est dire si on l’attendait avec curiosité dans un tout autre registre, celui de la chronique familiale: le film tient bien la route, même si l’intérêt de l’intrigue diminue parfois d’intensité au cours des deux heures de projection. Les meilleurs moments de TOKYO SONATA se situent sans doute dans la dernière partie, où l’on retrouve la patte de Kurosawa, dans une dynamique originale, agrémentée de quelques ruptures temporelles réussies et de séquences plus ou moins oniriques et subjectives bouleversant agréablement une fin trop attendue.
Antoine Rochat