Critique
Née à Brooklyn de parents palestiniens, Soraya rêve de s’établir en Palestine, de revenir à ce qu’elle croit au plus profond être ses racines. A peine arrivée à Ramallah, elle fait la connaissance d’un Palestinien qui, lui, rêve d’émigrer au Canada, mais qui jusque-là a vu sa demande de visa rejetée. Et puis, il y a l’argent du grand-père déposé dans une banque avant 1948 et que Soraya se fait un devoir de récupérer. Et la redécouverte de cette mer qui vit l’exil des siens de leur terre, sans parler de l’appartement familial à Haïfa, vendu à une Juive, où une visite rêvée vire au cauchemar. Entre fiction et documentaire, ce road movie oscille pour souligner qu’il ne suffit pas de se déclarer palestinien pour l’être ou même le devenir. D’autant plus que les rêves ont décidément bien peu de poids face à la dure réalité de l’occupant qui finit par envahir même l’espace intérieur. Alors que l’Etat d’Israël célèbre ses soixante ans d’existence, la cinéaste exprime à sa façon la «nakba», la catastrophe de tout un peuple, le sien.
Serge Molla
