Critique
En dépit des apparences, de douceur et de joie de vivre que peut susciter le décor de la campagne anglaise, Duane Hopkins peint au contraire l’isolement des plus âgés et le mal-être des jeunes. L’adolescente Gail vit et déprime auprès de sa grand-mère qui n’exprime presque plus rien, mais réussiront-elles à sortir de leur isolement respectif? Rob, qui ne se remet pas de la mort de son amie par overdose, sombrera-t-il à son tour? Un vieux couple arrivera-t-il à se retrouver, après une séparation due à l’hospitalisation du mari? Les paroles se font rares, les silences sont lourds, mais les visages parlent… Tous ces personnages cherchent désespérément à aimer, à être aimés, mais à quelles conditions? La mort et la difficulté de communiquer rôdent, dans une période où la drogue s’allie parfois aux premiers émois et expériences sexuelles. Et c’est peut-être lorsque, contre toute attente, les générations se rencontrent vraiment, à l’instar de Gail et de sa grand-mère Nan, que, l’espace d’un instant, magique, se dissipe l’enfermement des êtres. Sombre tableau, où l’ennui et le mal-être sont presque palpables.
Serge Molla
