Dutti - Monsieur Migros

Affiche Dutti - Monsieur Migros
Réalisé par Martin Witz
Pays de production Suisse
Année 2007
Durée
Genre Documentaire
Distributeur frenetic
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 7 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 568

Critique

Ce documentaire suisse, acclamé au dernier Festival de Locarno, retrace la vie et l’œuvre d’un personnage qui a marqué le paysage helvétique durant plusieurs décennies: Gottlieb Duttweiler, fondateur de la Migros.

Martin Witz a eu accès à des archives tant publiques que privées, en particulier des enregistrements sonores inédits de la voix de Duttweiler, monologues enregistrés par lui-même vers le milieu du siècle. Ils deviennent le fil rouge du documentaire. Le réalisateur donne ainsi la parole à cet homme tout au long du film «non pas pour renforcer encore un peu plus l’énergie souvent égocentrique de ce personnage, mais pour permettre au public de ressentir au mieux la personnalité de Duttweiler et son projet de vie».

Pourvu d’étonnantes qualités et de beaucoup de contradictions intimes, Gottlieb Duttweiler était «un ami de la famille» pour les uns, un râleur, un démagogue pour les autres. Un citoyen à part entière mais un citoyen singulier qui fonde son propre parti politique, crée son journal, propose des cours de langues et des événements culturels, et qui soigne l’image de son entreprise en créant de petits films publicitaires dans le style hollywoodien.

Anecdote amusante: il finança un film pendant la Seconde Guerre mondiale racontant l’histoire d’une réfugiée suisse «Marie-Louise». Devant l’échec commercial du film, Duttweiler qui aimait le cinéma, acheta des milliers de places et les offrit aux clients de la Migros. Miracle: les salles et les magasins se remplirent! Le film reçut même l’Oscar du meilleur scénario à Hollywood... Habile marchand, personnage atypique, fort, innovateur, idéaliste, Duttweiler rencontrera le doute à la fin de sa vie, lorsqu’il percevra les «maladies» du consumérisme moderne, alors qu’il avait investi pour rendre la ménagère suisse heureuse.

Ce premier documentaire pour le cinéma de Martin Witz est bien agencé, captivant, vivant, et inévitablement partiel. Son point de vue privilégie la grandeur et l’humanité de l’homme Duttweiler en faisant l’impasse sur la légitimité des objections de ses détracteurs, voire de ses victimes.

Dutti a disparu voilà bientôt un demi-siècle, mais son esprit est toujours en phase avec l’actualité.

Martin Witz vient de recevoir le Prix du film de la ville de Zurich.

Ancien membre

Appréciations

Nom Notes
Daniel Grivel 12
Ancien membre 15
Geneviève Praplan 12
Anne-Béatrice Schwab 15