Critique
Dans ce polar-de-qualité-à-la-française, on fréquente les milieux de la police, du gangstérisme et du proxénétisme. Le scénario est tiré - librement - de Deux frères, flic et truand, autobiographie de Michel et Bruno Papet.
Lyon, à la fin des années 70. François (Guillaume Canet), inspecteur de police, apprend la sortie de prison de son frère Gabriel (François Cluzet), qui a été condamné à dix années de réclusion pour meurtre. Entre le flic et le frère aîné, les retrouvailles ne sont pas évidentes, alors même que chacun aimerait tirer un trait sur le passé. Gabriel essaie de se ranger, de reprendre pied dans sa famille, de trouver du travail, et François se met en quatre pour l’aider. La réalité et les vieux démons finiront pourtant par les rattraper. Séparés par des choix d’existence trop différents, les deux frères ne parviendront pas à éviter l’impasse.
Le film de Jacques Maillot n’y parvient guère non plus. Trop de choses à dire, trop de digressions, de pistes qui s’égarent, trop de personnages éphémères, tout cela finit par embourber le sujet - les liens du sang qui unissent deux frères que tout oppose - dans un récit complexe où se diluent repères temporels et thématiques. A vouloir sans doute reprendre l’entier de la problématique et tous les éléments du récit rapporté par les frères Papet, le film, dans sa seconde partie surtout, perd de sa consistance. La plupart des trajectoires qui croisent celles des deux frères relèvent avant tout de l’anecdote, et non d’une nécessité narrative. La description psychologique des deux protagonistes en souffre, et le spectateur n’a bientôt plus qu’à attendre un dénouement qu’il sait devoir être tragique.
Les acteurs font de leur mieux pour assurer le maximum de crédibilité à leurs personnages et l’on donnera volontiers quittance à chacune et chacun des efforts accomplis. Guillaume Canet - en policier soucieux d’efficacité mais souvent angoissé - s’en tire bien. Tout comme François Cluzet, à la moustache noire et aux cheveux longs (on est dans les seventies!), dans un rôle difficile de truand le plus souvent ignoble. Les personnages féminins, légèrement en retrait, sont excellents. Il n’empêche que l’entreprise, complexe et ambitieuse, peine à tenir la route.
Antoine Rochat