Julia

L’auteur de LE PETIT VOLEUR et de REGARDE TOMBER LES ANGES distille (c’est le cas de le dire, car il a eu un problème d’alcool) au compte-gouttes ses films - ce qui n’est pas sans conséquences favorables sur leur qualité. Ici, d’ailleurs, il est question d’alcool.

Julia (Tilda Swinton) est une jeune femme qui brûle la chandelle par les deux bouts. Tous les soirs, elle «s’éclate» dans des boîtes enfumées où l’alcool coule à flots et où d’autres substances sont abondamment consommées.

Elle se retrouve au petit matin dans la voiture d’un inconnu, dans un lit de passage ou sur l’escalier de son immeuble qu’elle gravit tant bien que mal à quatre pattes. A force d’excès, elle perd son emploi; elle abandonne ses participations sporadiques aux rencontres des Alcooliques anonymes. Criblée de dettes, elle s’adresse à son ex, Mitch (Saul Rubinek) qui, lui, a cessé de boire, et à un ancien compagnon de beuveries, sans succès. Une de ses voisines, jeune Mexicaine membre des AA, lui propose un plan - rémunéré - de kidnapping. S’ensuit une spirale descendante infernale.

Erick Zonca a choisi de tourner aux Etats-Unis et au Mexique cette sorte de road movie ou de folle randonnée, où la grande ville semble aussi désolée que le désert. Il excelle à traduire le quotidien glauque d’une femme malade d’alcoolisme aussi bien que la cupidité (engendrée par la misère) de petits malfrats mexicains. Tilda Swinton, époustouflante, porte pour ainsi dire à elle seule ce film fertile en coups de théâtre.