Peppermint Candy

Un film impressionnant. Lors d’un pique-nique, Yong-ho, un type apparemment dérangé, met fin à ses jours. L’histoire se poursuit alors par flash-back, en remontant le temps et le cours de la vie de Yong-ho, de 1997 à la fin des années 70. Le spectateur va découvrir peu à peu les raisons de cette existence gâchée. Et derrière les faits divers apparaîtra en filigrane toute l’histoire de la Corée du Sud durant cette période: la politique d’une dictature féroce, la mise au pas de toute opposition, la répression policière (dirigée en particulier contre les étudiants) et les diverses crises ultérieures. En même temps qu’on retrouve toute l’histoire des insatisfactions personnelles de Yong-ho, celle de ses amours perdues, en particulier celle d’une jeune femme amoureuse et fidèle qui lui envoyait des bonbons à la menthe.

C’est au dernier Festival de Cannes, avec SECRET SUNSHINE, que le cinéaste coréen Lee Chang-dong a été reconnu comme un réalisateur de tout premier plan. PEPPERMINT CANDY - qui date de 1999 - témoigne déjà d’une extrême maîtrise dans le récit: chaque événement en cache un autre, sans expliquer complètement le suivant, ou celui qui précède. Et à chaque fois que l’on croit avoir compris ce qui s’est passé, un nouveau saut en arrière vient infirmer ce que l’on croyait savoir. Un portrait tout en finesse d’un homme, une passionnante remontée dans le temps, fluide, jamais difficile à suivre, en même temps qu’une vision historique de l’évolution socio-culturelle de la Corée. Un très beau récit conté par un cinéaste talentueux.