Critique
Une petite ville minière, en Corée du Sud. Une fillette de 9 ans s’occupe de son frère, qui a deux ans de plus qu’elle et qui est mentalement retardé. Ancien mineur, le père - la mère n’est jamais mentionnée - tombe malade, sombre dans la dépression et l’alcoolisme. La petite fille est alors la seule à pouvoir assumer les responsabilités familiales et prendre les décisions - difficiles - qui s’imposent.
FILLE DE LA TERRE NOIRE est un drame social, sombre et puissant, qui confine à la tragédie. Les paysages minéraux et urbains sont filmés en grands plans d’ensemble et vont, conjugués avec d’autres plans fixes (dont l’utilisation est constante), contraindre peu à peu le spectateur à s’intégrer dans ces lieux pierreux, dans cette cité que l’on sent sinistrée, et dans cette famille où rien ne va plus.
Tragique tableau de laissés-pour-compte, le film de Jeon Soo-il, magnifique dans sa forme, est un véritable cri de désespoir. Et la remarquable interprétation de la fillette confère à cette histoire toute sa gravité.
Antoine Rochat