Critique
Fengming a 70 ans et elle raconte… Des souvenirs précis qui remontent jusqu’à la naissance de la République populaire de Chine, en 1949. Son récit sera celui d’une longue et souvent douloureuse traversée de plus de trente ans de vie. L’idéologie communiste en laquelle Fengming avait mis tous ses espoirs a fini par la briser, emportant en même temps son grand amour.
Tourné par un cinéaste de 40 ans, Wang Bing, FENGMING, CHRONIQUE D’UNE FEMME CHINOISE est un (très) long documentaire habité par l’histoire du pays et par la force des sentiments de l’héroïne. La mise en scène est réduite au strict minimum: une caméra fixe, un montage quasi inexistant et des séquences interminables. Le procédé finit par lasser. Et ce film-fleuve dure plus de trois heures: est-ce vraiment du cinéma?
Restent une assez extraordinaire évocation de trois décennies de la vie d’une femme, et un retour, souvent tragique, sur plusieurs pages sombres de l’histoire chinoise. Et l’émotion de s’installer tout à coup, lorsque Fengming revient sur les camps de rééducation qu’elle a connus, sur les vexations dont elle a été l’objet, sur la disparition de son mari, dont elle cherche encore vainement la tombe aujourd’hui…
Antoine Rochat