Ben X

Affiche Ben X
Réalisé par Nic Balthazar
Pays de production Belgique, Pays-Bas
Année 2007
Durée
Musique Praga Khan
Genre Drame
Distributeur agorafilms
Acteurs Greg Timmermans, Laura Verlinden, Gilles De Schryver, Marijke Pinoy, César De Sutter
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 565
Bande annonce (Allociné)

Critique

Jusqu’où peut aller le harcèlement? Le réalisateur flamand met en scène avec brio une réalité trop généralisable.

Des faits divers, il y en a plein les journaux. Mais celui-là a frappé Nic Balthazar, ancien critique de cinéma et de théâtre. Il en a fait un livre: succès. Une pièce de théâtre: succès. Et voici le film, Ben X, œuvre cruelle, dérangeante, très contemporaine, qui décortique le problème difficile du harcèlement. Nic Balthazar n’est pas seul. Il dirige des acteurs formidables, à commencer par Greg Timmermans qui endosse à la perfection le personnage de Ben.

Ben est un adolescent solitaire. Il souffre d’un léger autisme et son isolement cache sa grande intelligence à ses camarades. De toute façon, ces deux voyous de Bogaert (Titus de Voogot) et Desmet (Maarten Claeyssens) ne voient que la différence de cet étudiant dont ils ont fait leur souffre-douleur. Ben ne parle pas des persécutions dont il est l’objet. Mais quand il se retrouve dans sa chambre, il reprend des forces avec le jeu vidéo dont il est le héros et qui lui a fait rencontrer sa seule amie, Scarlite (Laura Verlinden).

Bien qu’il hante les préaux, le harcèlement reste un sujet très discret, dont on mesure mal les conséquences. Selon le réalisateur, «il s’agit de véritable terrorisme psychologique banalisé comme une plaisanterie, jugée mal acceptée par ceux qui en sont la cible». Cet aveuglement est l’angle qu’il choisit pour construire son film. Ben, dans sa classe, est un élève seul; au moment où il est harcelé, la plupart des jeunes entrent dans la danse, les plus réticents n’osent pas élever la voix.

Au cœur d’une meute, l’opposition isolée est intenable. Elle met son auteur en danger dans des proportions diverses, l’histoire en est chargée d’exemples. Dans le collège que fréquente Ben, mais dans tant d’autres aussi, la violence est plus forte que la compassion. Cela non seulement à la hauteur des élèves, mais aussi des professeurs. Ni les pédagogues, ni les psychologues ne sont épargnés dans Ben X, eux dont on sent bien qu’ils préfèrent ne pas voir. Jusqu’à ce que Ben, à bout de force, tranche le nœud.

Nic Balthazar donne à son film le rythme d’un documentaire en coupant le déroulement du scénario par des interviews: les parents, les enseignants, les médecins, quelques élèves. Le spectateur, emporté dans le point de vue de Ben, est confronté à des personnages très marqués, à la limite du manichéisme, mais crédibles. Il assimile aussi l’esthétique du jeu vidéo que Nic Balthazar injecte dans le récit, monde virtuel, le seul où Ben se sente à l’aise, où il se sait compris.

Sensible et généreux, souvent insoutenable, toujours haletant, Ben X enfonce des portes que l’on tient fermées et crie une réalité trop généralisable. Reste sa conclusion, attendue dès les premiers plans et pourtant surprenante. D’un point de vue filmique, l’idée est excellente. Mais puisque le sujet est éminemment social, peut-on accepter son amoralité sans s’interroger? Les méchants sont punis, le spectateur Ben est vengé, mais le problème n’est pas résolu.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 15
Antoine Rochat 13
Anne-Béatrice Schwab 15