Critique
Sur l’écran d’un GPS, le pictogramme d’un cercueil suit un trajet chaotique comprenant tours, détours et demi-tours... Lorsqu’il arrive enfin à destination, l’écran nous montre une propriété cossue very british, dans la cour de laquelle un corbillard vient de s’arrêter. Les croque-morts extraient un cercueil massif et, après moult difficultés, le posent sur des tréteaux disposés dans un luxueux salon. Le fils de la maison, invité à identifier le défunt, s’exclame que ce n’est pas son père. Battue en retraite des croque-morts qui partent chercher le bon cadavre.
Le ton est donné. Les funérailles d’un riche patriarche vont donner lieu à une cascade de quiproquos et jeter un éclairage cru sur les coulisses d’une grande famille: le fils sage, pressé par sa femme de vendre la propriété où elle s’ennuie comme un rat mort; le fils prodigue, écrivain à succès aux Etats-Unis; une cousine bravant son père en tenant à épouser l’homme qu’elle aime et qu’il méprise; un vieil oncle gâteux et tyrannique; un maître chanteur de petite taille mais qui vise loin... Frank Oz, ci-devant marionnettiste du Muppet Show et Maître Yoda dans STAR WARS, sait tirer toute les ficelles d’une comédie à l’anglaise. Sans être du Feydeau, la mécanique fonctionne bien et s’emballe facilement grâce à l’absorption involontaire de pilules hallucinogènes du meilleur effet. Le bon vieux Rupert Graves est excellent malgré quelques effets scatologiques (hommage à la pantomime britannique des années 1900?) et, 37 ans après DEEP END, Jane Asher a encore un sacré répondant.
Même lors de la vision de presse, il y a eu des rires francs et massifs: rien d’étonnant, donc, à ce que le public de la Piazza Grande à Locarno se soit tordu les côtes.
Daniel Grivel