Critique
Le jour du mariage de son fils, Elisabeth (Helena Bergstrom) gare mal sa voiture et se fait harponner par Gudrun (Maria Lundkvist), agente de la circulation. Une violente altercation s’ensuit entre les deux femmes. Et c’est très tendue que la première entre à l’église. Pendant le repas de noces, son mari annoncera leur divorce. De son côté, Gudrun retrouve sa fille Liselotte (Erica Braun) qui lui conseille de changer de vie. Avoir la télévision pour tout loisir n’est pas une vie normale pour une femme de 40 ans, elle doit se changer les idées. Et d’abord, voir un gynécologue et lui parler de ses maux d’estomac (!) Mais, curieux hasard, le médecin est justement Elisabeth, qui a décidé de vivre pleinement sa vie, puisque son divorce l’a rendue libre. Les deux femmes deviennent amies et la pudibonderie de Gudrun ne va pas y résister.
L’excellente actrice Helena Bergstrom n’est autre que l’épouse du réalisateur suédois Colin Nutley. On ne doute pas un seul instant qu’elle ait fortement inspiré un scénario des plus délurés, consacré à légitimer le besoin de liberté des femmes de 40 ans. Les enfants sont grands, le mari est parti, c’est le moment de prendre du bon temps, conseille-t-elle à Gudrun. Quitte à passer des nuits entières à boire et à danser au Heartbreak Hotel. Les deux comédiennes, qui semblent s’amuser follement, donnent à ce film beaucoup de vigueur. On rit vraiment, en dépit de quelques traits un peu gros. Et si la morale n’est pas sauve du tout, on perçoit joliment, en filigrane le vague à l’âme de la quarantaine, lorsque les raisons d’être d’une mère ont à peu près disparu. HEARTBREAK HOTEL, qui ne revendique rien d’autre que le divertissement, a fait un tabac en Suède l’an dernier: le plus gros succès de l’année avec 462’000 entrées.
Geneviève Praplan
