On the Rumba River

Affiche On the Rumba River
Réalisé par Jacques Sarasin
Pays de production France
Année 2007
Musique Philippe Lecocq
Genre Documentaire
Distributeur Les Productions Faire Bleu
Acteurs Wendo Kolosoy
N° cinéfeuilles 550
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Le cinéaste (d'origine suisse) Jacques Sarasin est parti à la recherche de Papa Wendo, l'une des premières stars de la musique congolaise des années 60. ON THE RUMBA RIVER est le portrait sensible, tantôt nostalgique, tantôt rendu joyeux par la musique, d'un homme de passé 80 ans, en même temps que le portrait d'un fleuve et d'une ville (Kinshasa). Après JE CHANTERAI POUR TOI (2002) - consacré au chanteur malien Boubacar Traoré (CF n. 457 p. 20) -, voici la destinée toute particulière de Papa Wendo, une vie que le cinéaste reconstruit devant nous, bribes par bribes.

ON THE RUMBA RIVER est un documentaire - si l'on excepte une ou deux courtes scènes de fiction jouant un rôle de liaison - sur un homme, sur un groupe de musiciens d'un certain âge auxquels le réalisateur donne la parole, tout en laissant son film respirer lors de larges pauses musicales. Place est donnée à la ""rumba congolaise"", ce genre musical d'origine africaine (les danses bantoues) mâtiné d'influences latino-américaines, après un passage par Cuba notamment.

Le regard de Papa Wendo est tout chargé de l'histoire - tragique - de son pays, mais il en parle peu. Très vite, on prend conscience d'une destinée hors du commun. Le musicien raconte les grandes étapes de sa vie, tout en évitant de parler de Lumumba - dont il a été l'un des proches - ou de la dictature de Mobutu. ON THE RUMBA RIVER respecte cette volonté de ne pas revenir sur les événements passés, se gardant de toute approche trop politique, mais cette discrétion marque aussi les limites d'un film qui ne cherche pas prioritairement à parler du présent. Exception faite d'une dernière intervention critique de Papa Wendo (""Nous avons obtenu l'indépendance, dit-il, mais qu'en faisons-nous? Nous nous entre-tuons..."") qui s'intègre mal, comme plaquée tardivement sur le propos.

Les images de ON THE RUMBA RIVER (concerts du groupe de Papa Wendo, séquences prises sur le vif de la vie urbaine et portuaire, bacs surchargés, trains bourrés et wagons occupés jusque sur les toits) sont fortement évocatrices, et les décors le plus souvent surprenants (carcasses de vieux bateaux, squelettes rouillés de constructions abandonnées). Jacques Sarasin sait aussi saisir les détails intimes, scruter les visages, surprendre les regards. Le film possède un ton personnel, celui d'un humanisme un peu désenchanté, rappelant à chacun l'existence d'un immense pays en mouvement que l'on a parfois tendance à oublier."

Antoine Rochat