Paranoid Park

Affiche Paranoid Park
Réalisé par Gus Van Sant
Pays de production France, U.S.A.
Année 2007
Durée
Genre Drame
Distributeur MK2 Diffusion
Acteurs Taylor Momsen, Gabriel Nevins, Daniel Liu, Jake Miller, John Michael Burrowes
N° cinéfeuilles 548
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Gus Van Sant poursuit son étude sur les ""adulescents"" de son pays amorcée dans ELEPHANT, dont on retrouve quelques procédés tels que le recours au ralenti. Comme la planche à roulettes est un élément moteur (!) de certains de ces jeunes, il a recruté ceux-ci sur un site internet spécialisé.

Nous faisons la connaissance d'Alex, élève moyen dans un lycée. Convoqué au bureau du directeur, il est interrogé par l'inspecteur Lu: est-il allé récemment à Paranoid Park, terrain de skate malfamé de Portland? On a en effet retrouvé le cadavre d'un vigile coupé en deux après avoir passé sous un train. La narration fait alterner présent et passé, et on comprend qu'""il est arrivé un truc"" à Alex, qui noircit quotidiennement les pages d'un cahier où il consigne ses états d'âme. L'adolescent, peu intéressé par sa petite amie Jennifer, véritable bimbo qui rêve de se donner à lui, ne se passionne que pour son sport de glisse et d'envol, et s'est effectivement laissé entraîner par son copain Jared au Paranoid Park, lieu ""orné"" des inévitables graphes dont nos murs d'autoroute et autres passages sous-vire sont parés, et où se rassemble une faune aimant s'éclater dans tous les sens du terme, un des amusements préférés étant d'embarquer au vol sur les trains de marchandises circulant à proximité au ralenti.

Alex, au charme androgyne d'un page à qui on donnerait le bon Dieu sans confession, s'en tient à un mutisme obstiné sur ses activités. Qui ne regardent que lui: ses parents sont séparés, en instance de divorce; on ne voit la mère que de dos et le père, à quelques secondes près, en image floue; quant aux parents des copains, ils sont tout simplement invisibles. Et il est assez piquant de voir les jeunes profitant de leur absence pour squatter les villas luxueuses, se prélasser dans un jacuzzi, s'acheter des fringues griffées et critiquer leurs géniteurs (""les adultes pensent qu'au fric, c'est ça leur motivation""). On ne sait si Alex éprouve du repentir. Il dit vouloir se ""débarrasser de ce poids""; apparemment, il le fait - c'est la dernière image du film - en brûlant les pages de son journal.

Comme à l'habitude, une écriture cinématographique soignée, des musiques collant aux situations (plusieurs tirées, pas par hasard, de LES NUITS DE CABIRIA de Fellini). Un portrait édifiant de mini-adultes sans repères, que les parents d'adolescents pourraient voir avec intérêt ou même profit..."

Daniel Grivel