Critique
"Quand Manu (Johan Libéreau), 20 ans, débarque à Paris pour chercher du travail, il partage provisoirement la chambre de sa sœur Julie (Julie Depardieu) dans un hôtel modeste. Julie suit une formation de chanteuse lyrique. Elle maintient une distance avec son frère envahissant. Manu sort beaucoup la nuit, fréquente les lieux de rencontres. Il fera la connaissance d'Adrien (Michel Blanc), nouera une amitié chaste avec ce médecin gay, quinquagénaire cultivé.
Lors d'une promenade en bateau, Adrien présentera à Manu un couple d'amis jeunes mariés, Sarah (Emmanuelle Béart) et Mehdi (Sami Bouajila), qui viennent d'avoir un enfant. La passion amoureuse va bouleverser le paysage relationnel et la vie de chacun.
Ce film que Téchiné dit avoir conçu par ""devoir de mémoire envers des amis disparus"" a presque valeur documentaire, sur fond d'irruption du sida. La thématique de l'homosexualité et de l'identité amoureuse est au centre du film. Les personnages sont complexes. Leur histoire est racontée en trois épisodes ainsi titrés: ""Les beaux jours, été 84"", ""La guerre, hiver 84-85"", ""Le retour de l'été, le nouveau venu"". Programme que l'on pourrait résumer ainsi: insouciance, lutte contre la maladie et la mort, la vie continue! Donc au début, il y a l'arrivée de ce jeune éphèbe Manu, venu d'on ne sait où, objet de désir qui va mettre à découvert sensualité et sexualité de chacun. Adrien s'enflamme pour lui mais ne pourra lui offrir qu'une amitié ou une présence toute paternelle, en même temps qu'il va s'investir dans une recherche active sur la maladie encore inconnue. Par ailleurs, le couple qui entretient des relations non exclusives va connaître angoisses et stress.
Un aspect esthétique évident dans la prédominance des tons chauds et acides ou sombres et froids selon la saison, des gestes de solidarité envers cet ""ange"" victime qui va en quelque sorte éclairer ceux qui sont témoins du fléau naissant. Téchiné semble ne pas vouloir s'appesantir. Pas ou peu d'amour, une certaine superficialité, la vie continue à travers le désir, sur un terrain miné en attendant mieux."
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