Critique
"La présence au générique de TF1 et de M6 - en tant que producteurs - est déjà un avertissement: voilà une réalisation destinée au petit écran. POLTERGAY est un film peu original, avec juste assez d'allusions à l'actualité pour toucher un large public, assez de clichés pour ne pas dérouter, assez de vulgarité pour paraître affranchi de l'establishment.
Marc (Clovis Cornillac) et Emma (Julie Depardieu) emménagent dans une maison décrépie, ignorant que la cave de cette vieille bâtisse, inhabitée depuis près de trente ans, a abrité jadis une boîte de nuit ""gay"". Quelques jours plus tard, Marc croise dans les escaliers cinq fêtards gays, en costumes à paillettes, peu discrets sur leurs mœurs. L'ennui, c'est que Marc est le seul qui puisse les voir. Les yeux des autres ne les perçoivent pas, et Emma n'a pas non plus ce don particulier de vision: n'y comprenant plus rien, elle finira par quitter Marc, persuadée qu'il a complètement perdu la boule.
Voilà pour situer le débat. Peu importera par la suite de savoir qui sont ces hommes-fantômes habillés ""seventies"" et ne pensant qu'à faire la fête (ce qui donne un peu d'animation à un film souvent en mal de dynamisme), qui apparaissent aux uns mais pas aux autres (le réalisateur en profite pour se livrer à de nombreuses digressions d'un intérêt limité sur le thème ""homo ou hétéro""). Un monde gay qui aidera malgré tout Marc (tout doit bien se terminer) à retrouver sa belle.
Difficile d'y croire. Et même en acceptant le postulat de l'existence de revenants, le rire se fait prier. Les séquences, toutes construites de la même manière, s'empilent les unes sur les autres. Le scénario a beau faire appel à un spécialiste des fantômes et de la réincarnation (excellent Michel Duchaussoy), POLTERGAY - jeu de mot avec le germanique ""Poltergeist""? - s'étire sans surprise et s'étale jusqu'à n'en plus pouvoir.
Dans la première séquence du film, Marc présente à son chat sa nouvelle demeure: l'animal sort de son panier, regarde la bâtisse, miaule longuement et retourne se cacher dans son habitat d'osier. Si seulement le chroniqueur avait pu faire comme lui..."
Antoine Rochat