Liste de Carla (La)

"Que se passe-t-il à La Haye, au Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie? Que fait, jour après jour, la Tessinoise Carla Del Ponte, procureur de ce tribunal? Des événements comme l'arrestation de Slobodan Milosevic, les débuts de son procès, sa mort qui empêche désormais un jugement, jettent un peu de lumière sur un travail mené heure après heure, travail de fourmi, dont les résultats peinent à se faire remarquer. Mais le reste du temps?

On se réjouit donc de voir le documentaire que Marcel Schüpbach consacre à Mme Del Ponte, à son équipe et à leur engagement. L'idée lui a été soufflée par un producteur suisse, Jean-Louis Porchet, de CAB Productions. Au même moment, le réalisateur se laisse capter par une photographie de Carla Del Ponte. ""Elle est assise sur une chaise et elle nous regarde bien en face. Le déclic pour me lancer m'est venu de là... Ce mélange de puissance et de solitude, il fallait comprendre, et peut-être, l'expliquer.""

Ce regard bien ""en face"" est une sorte de fil conducteur du film, parce que c'est ainsi, en effet, que le procureur du TPI apparaît dès les premières images, et s'impose. Une femme loyale, qui avance tout droit, dans le sens de sa cause. Une femme pugnace, courageuse, capable de sortir du rang en toute dignité pour obtenir ce qu'elle réclame. Une femme qui mesure le mot juste, le moment exact, et qui garde en arrière-plan de son travail les victimes martyres des guerres yougoslaves. Une femme qui ira jusqu'au bout, mais qui se trouvera probablement bloquée par le terme de son mandat, limité à septembre 2007.

Sur LA LISTE DE CARLA il n'y a plus que six personnes à retrouver; la septième - le général croate Ante Gotovina - a été arrêtée pendant le tournage. Parmi ces six personnes, Radovan Karadzic et Ratko Mladic ont commandité le massacre de Srebrenica, dont on a rappelé le dixième anniversaire l'an dernier. Ils se sont évaporés avec la bénédiction de trop d'intéressés. Pour Marcel Schüpbach, l'enjeu consiste à montrer les démarches incessantes, infatigables du procureur et de son équipe pour qu'on livre les deux hommes au TPI. Il le fait avec beaucoup de sensibilité, en mettant en parallèle les femmes de Bosnie qui continuent elles aussi à se battre. Afin que justice soit rendue à leurs disparus."