Critique
"Une fois encore, une forte pression médiatique a précédé cette fiction/documentaire sur le drame éprouvé par une équipe de l'Autorité portuaire du Département de police de New York et leurs familles le 11 septembre 2001. Ce jour-là, peu après que l'alerte a été donnée au World Trade Center de New York, le sergent John McLoughlin et ses hommes s'introduisent dans les tours jumelles. Avant même de pouvoir véritablement intervenir, toute l'équipe est prise par l'effondrement général; seuls McLoughlin et Jimeno, l'un de ses subalternes, y survivront. Pendant plus de douze heures, incapables de bouger et grièvement blessés, ils se soutiendront l'un l'autre en attendant d'éventuels secours.
Oliver Stone a donc choisi de faire revivre cette hallucinante journée via ces deux hommes en montrant parallèlement l'angoisse vécue par leurs familles respectives, alors que dehors règne une énorme confusion. Force est de constater que, hormis les premières minutes du film, ce long métrage apporte peu et même beaucoup moins, par exemple, que le remarquable documentaire 11/09 des frères Jules et Gédéon Naudet (disponible en DVD) qui, par hasard, travaillaient ce jour-là sur un sujet relatif aux pompiers de New York. Il n'est guère surprenant que les deux rescapés aillent chercher au plus profond de leurs relations (épouse et enfants) quelque raison de vivre encore et de ne pas se laisser sombrer.
Le réalisateur aurait pu s'abstenir de quelques phrases lourdes de bons sentiments (y compris patriotiques) et ne pas filmer avec une légèreté d'éléphant la sortie des décombres comme s'il s'agissait de la sortie résurrectionnelle d'un tombeau! Paradoxalement, la vision délirante et christique de Jimeno est plus intéressante, car suivie d'une propre distanciation dudit personnage une fois revenu à lui. Quant au moment où les hommes se retrouvent aux soins intensifs, il constitue un épisode inédit d'""Urgences"". Autrement dit, pour une fois, les documentaires dépassent de loin la fiction. Décevant. VOL 93 est d'une autre tenue (voir CF n. 526/7, p. 58)."
Serge Molla